D'ICI ET D'AILLEURS Ep09
- LA LANGUE ET DE LA LITTÉRATURE YIDDISH 1
- Bonjour chers auditeurs, je vous propose aujourd’hui de faire un survol historique, forcément limité à la demi-heure de cette chronique, de la langue et de la littérature yiddish. Nous savons que le yiddish est la principale langue véhiculaire des Juifs ashkénazes depuis le Moyen Âge. Avant 1939, on estimait que 11millions le nombre de personnes parlaient le yiddish, vivant soit dans les principaux centres de vie juive en Europe, dont la Pologne et la Russie, mais aussi dans les pays d'immigration, notamment les États-Unis, le Canada ou l'Amérique centrale et du Sud. A présent, le yiddish est surtout parlé dans les milieux de l'ultra-orthodoxie, et on peut estimer que 2 millions de personnes le parlent ou l’écrivent, comme langue maternelle ou non. Virgule Commençons par nous pencher sur le lieu et l’époque de naissance du yiddish. Le yiddish est né où, dans les pays germaniques, et quand : il est né au Moyen Âge, aux alentours du Xe-XIe siècles, au moment où des Juifs, venus d'Italie et de France, s'installent dans la région rhénane. Au départ la langue yiddish a beaucoup de points communs avec les dialectes allemands, mais assez rapidement, elle va s'en différencier pour former une langue en soi, qui connaîtra un développement autonome. On peut dire que le yiddish est une langue de fusion. Elle puise en premier lieu des d'éléments dans la principale langue de contact, à savoir les nombreux dialectes allemands. On trouve aussi des traces de langues romanes, dont l'ancien français, mais sa composante sémitique est importante, qui est essentiellement de l’hébreu et de l’araméen. À partir du XIVe et jusqu'au XVIe siècle, les guerres et les persécutions à l’encontre des Juifs entraînent une migration vers l'Est et le yiddish va intégrer de nombreux slavismes empruntés aux langues et dialectes avec lesquels les Juifs ont été en contact. On compte, entre autres, le tchèque, l'ukrainien, le biélorusse, le polonais ou le russe. Le contact avec la culture et les langues slaves a eu un impact décisif sur le yiddish, que ce soit du point de vue de sa phonologie, de sa morphologie ou de sa syntaxe. Une des richesses du yiddish consiste en sa multitude de dialectes . On distingue, principalement, le yiddish occidental, parlé en Alsace, en Suisse, en Allemagne et en Hollande, et le yiddish oriental, utilisé largement en l'Europe de l'Est. Les oppositions de dialectes concernent tout autant des réalités de langage que des différences dans les pratiques alimentaires, le rituel religieux ou les modes de vie. Si on doit plutôt parler de yiddishs, au pluriel, plutôt que d’une langue unique, le yiddish est quand même à une langue à part entière, porteuse d'une originalité évidente. Cela ressort par exemple de l'ordre des mots dans la phrase, de la formation des pluriels, de la différence de genres, on peut encore mettre en avant le système très développé des diminutifs. J’oubliais aussi de dire, mais vous le savez certainement, que le yiddish s'écrit de droite à gauche avec les lettres de l'alphabet hébraïque. Le yiddish, dans toutes ses diversités locales, est bien une langue autonome, qui va finir par être standardisée et normalisée. Les linguistes divisent l'histoire du yiddish en quatre grandes périodes : d'abord le pré-yiddish jusqu'en 1250 ; le yiddish ancien de 1250 à 1500 ; le moyen yiddish de 1500 à 1750 et, enfin, le yiddish moderne de 1750 à nos jours. La langue littéraire ancienne est proche du yiddish occidental, qui était parlé en Alsace, en Allemagne, en Suisse, et dans l'Italie du Nord ( en Émilie et en Romagne). À partir de la fin du XVIIIe siècle, la langue littéraire est surtout fondée sur les dialectes parlés en Europe orientale, où habitaient la grande majorité des Juifs. À partir du XIXe siècle, les savants et écrivains ont créé une langue standard, la klal shprakh, fondée sur le yiddish lituanien. Le but était de gommer les disparités entre les dialectes et de donner une plus grande uniformité à la langue populaire. Des pédagogues, des linguistes et des écrivains ont élaboré une grammaire normalisée, ce qui a permis de rehausser le prestige de la langue vulgaire, et de mieux l'enseigner dans les écoles et les universités. Notons un effet intéressant qui a suivi la stabilisation de la langue , à savoir la stimulation de la création littéraire. Le yiddish, qui a longtemps été considéré comme le « jargon juif du ghetto » est devenu une langue de savoir, d'étude et de création, que ce soit dans le domaine de la poésie, du théâtre ou de la littérature. Elle a connu, à partir du XIXe siècle, une renaissance et une inventivité sans précédent. La littérature yiddish, par sa quantité et aussi sa qualité, constitue un pan non négligeable de la culture juive. Un nombre impressionnant de poèmes, de pièces de théâtre, de romans, d'essais ont été rédigés en yiddish. Parallèlement à la production littéraire par des auteurs juifs, des grands classiques de la littérature universelle ont été traduits en yiddish. Les lecteurs juifs aimaient lire en yiddish, aussi bien des œuvres originales, que des traductions d'auteurs comme Jules Verne, Romain Rolland, Kafka, Nietzsche, Spinoza ou Tchekov. Malgré cela, pendant longtemps, la littérature yiddish a subi un regard réducteur. Elle était considérée comme un ensemble secondaire par rapport à littérature rédigée en hébreu ou dans les langues majoritaires. De plus, on considérait que le public populaire visé, càd les femmes, les hommes peu lettrés et les enfants, se serait contenté principalement d'ouvrages de vulgarisation. Le but des auteurs yiddish aurait été de diffuser les messages de la tradition juive aux lecteurs et lectrices d'un niveau de culture moindre, qui n'avaient pas une connaissance suffisante de la langue sainte, càd l'hébreu, pour lire les ouvrages savants. Pour l’accompagnement musical de cette chronique , il va de soi de vous proposer d’écouter des chansons en yiddish . Et pour la première chanson, je vous propose une très belle voix, celle de Chava Alberstein .
- part 2
- Reprenons le cours de l’histoire du yiddish et de la littérature en yiddish. La trace écrite la plus ancienne en yiddish remonte à la fin du13eme siècle, en 1272 plus exactement. Il s’agit d’une bénédiction dans un livre de prières pour les fêtes – Mahzor – composé dans la communauté de Worms. La plupart des manuscrits en yiddish, conservés dans les principales bibliothèques d'Europe, sont d’inspiration religieuse – ce sont de prières, des traductions de la Bible, des livres de coutumes, des récits inspirés par la Bible ou le Midrash. Et quand des textes profanes sont retrouvés, ils révèlent une riche tradition de contes et légendes, souvent inspirés par des sources folkloriques non juives. Au moment de l'essor de l'imprimerie, de nombreux ouvrages populaires en langue vulgaire sont édités dans les principaux centres d'impression en Europe. On trouve des œuvres aussi bien religieuses que profanes. On remarque aussi un phénomène littéraire important à travers les transpositions des chansons de geste germaniques ou les adaptations en vers des livres historiques de la Bible, rédigés d'après les modèles des épopées de l'occident médiéval. On peut citer le Shmuel bukh et le Melokhim bukh (1544), dans lesquels les hauts faits de l'histoire d'Israël sont racontés à la manière des romans de chevalerie. Un exemple tout à fait remarquable est le Bovo bukh (1541) qui est l’adaptation en yiddish, par un humaniste juif de la Renaissance, de l'histoire merveilleuse d'un héros épique italien, le chevalier Buovo. Virgule Avec l'apparition du mouvement hassidique au XVIII eme siècle, on voit l’édition de nombreux contes et récits des maîtres de ce mouvement. Le plus important est le recueil des légendes du Baal Shem Tov, le fondateur du hassidisme, les Shivhei ha-Besht, « Les louanges du Besht », qui date de 1815. Mentionnons également l'ouvrage de Rabbi Nahman de Bratslav, les Sippurei mayses, dans lequel les thèmes de la kabbale sont diffusés par le biais de narrations poétiques et fantastiques d'une grande beauté. Cette veine de la littérature yiddish a connu un grand succès et son retentissement s’est prolongé jusque dans la littérature juive moderne, notamment dans les œuvres de Franz Kafka, Martin Buber ou du prix Nobel de littérature, Shmuel Yosef Agnon. À la même époque, on est toujours au XVIIIe siècle, la Haskala, le mouvement des Lumières juives, se diffuse dans toute l'Europe orientale. Ses partisans veulent moderniser la société juive, lutter contre les aspects obsolètes de la vie traditionnelle et briser les barrières qui existaient entre la culture juive et le monde environnant. La plupart des auteurs écrivaient en russe, polonais ou en hébreu. Mais de plus en plus d’ouvrages s’écrivent en yiddish dans le but de propager les idées modernes auprès des masses juives. Le yiddish, considéré comme le « jargon du ghetto » et longtemps considéré comme une langue inférieure, devient le support d’une littérature foisonnante et acquiert ainsi ses lettres de noblesse. Il devient une langue de création littéraire et d'expression des principaux courants esthétiques de la modernité. On édite en yiddish des ouvrages de vulgarisation scientifique, des récits de voyage, des mélodrames, des pièces de théâtre, mais aussi des pamphlets contre le hassidisme, considéré comme un des obstacles majeurs à la modernisation de la société juive. Parmi ce courant d’auteurs en yiddish, il y avait, entre autres, Israel Axenfeld (Dos shterntikhl, 1861) qui stigmatisait les superstitions, l'étroitesse et l'archaïsme de la vie traditionnelle ou Joel Linetsky (Dos poylishe yingl, 1869) dont les ouvrages proposent une critique acerbe du hassidisme. On peut également citer Shlomo Ettinger qui a écrit des poèmes romantiques et lyriques, sorte de préfiguration de la riche poésie yiddish moderne. Nous allons aller à la rencontre des trois pères fondateurs de la littérature juive moderne, mais avant cela, je vous propose un Yiddish tango,
- part 3
- Dans cette chronique D’Ici et D’ailleurs consacrée à la langue yiddish, je vous emmène à présent à la rencontre des 3 pères fondateurs de la littérature juive moderne. Au 19eme siècle, le yiddish doit son développement sans précédent aux trois auteurs juifs qu’on considère comme les « pères fondateurs » de la littérature juive moderne. Ces auteurs ont créé une langue littéraire moderne et l’utilisent pour présenter une peinture, à la fois réaliste et poétique, de la vie juive dans les communautés juives d'Europe de l'Est avant la première guerre mondiale. Ces 3 auteurs sont Mendel Seforim, Shalom Aleikhem et Itshak Leybush Peretz, Mendel Seforim, de son vrai nom Yankel Abramovitch , donne une vision critique et acerbe de la réalité juive de son temps. Il se moque de l'enfermement des bourgades juives en l'Europe de l'Est, de leur traditionalisme étroit, tout autant que des carences du système éducatif ou des privilèges des leaders communautaires. Il critique mais il exprime pourtant une grande compassion pour le peuple juif. Il dépeint ses souffrances et la lutte qu’il mène pour sa survie économique et culturelle. Il est vrai qu’au XIXe siècle, tout bouge dans le monde juif replié sur lui -même : les cadres sociaux traditionnels juifs sont bouleversés par un vaste mouvement d'urbanisation et d'immigration, que ce soit vers les États-Unis ou la Palestine, et les mouvements politiques prennent lentement le pas sur les associations religieuses. Le 2eme père fondateur de la littérature juive moderne s’appelle Shalom Aleikhem. Son vrai nom, c’est Shalom Rabinovitch. Il écrit dans la continuité des thèmes de Mendel Seforim, mais en y ajoutant une tonalité de dérision et de satire, qui en fait l'égal des grands noms de la littérature universelle, comme Mark Twain ou Nicolas Gogol. Il écrit aussi bien des pièces de théâtre, que des nouvelles, des romans et des essais littéraires. Dans cette abondance littéraire, il décrit toute la vie juive en Russie à l'aube du XXe siècle, avec un mélange unique de distance humoristique et d'empathie pour le peuple juif . Son œuvre maîtresse, c’est Tévye le laitier, dont la pièce de théâtre qu’il en a tirée est universellement connue sous le nom de ‘Un violon sur le toit ».
- part 4
- Ce roman décrit la lutte d'un Juif d'une bourgade de Russie qui tente, avec sagesse et courage, de rester fidèle aux valeurs du judaïsme, malgré les transformations de son époque. Dans une autre pièce, titrée « Il est difficile d’être juif », il traite de l’antisémitisme de manière humoristique à travers l’histoire de 2 amis qui échangent leur identité à la suite d’un pari. Shalom Aleikhem se fait aussi le chroniqueur, amusé et anxieux, de la vie des immigrants juifs dans les grandes métropoles d'Europe et des États-Unis, alors que l'antisémitisme, la crise économique, les bouleversements politiques changent radicalement la physionomie de la société juive. Son style riche et cocasse a influencé de nombreux écrivains juifs modernes. Le 3eme auteur fondateur de la littérature juive moderne est Itshak Leybush Peretz . Son œuvre est, sans aucun doute, celle qui semble la plus ouverte aux expérimentations de langage , aux thématiques et à l'esthétique modernes. Peretz parvient à plonger dans le passé littéraire juif pour y puiser des sources d'inspiration nouvelle tout en étant très en phase avec les mouvements modernistes de son temps. Avec sa pièce « Une nuit au vieux marché », l’écrivain oscille entre récits hassidiques et théâtre avant-gardiste. Peretz écrit beaucoup et il est toujours déchiré entre le souci de la tradition et le désir de créer de l'inédit. Politiquement, il prône une culture juive séculière en langue yiddish et l'autonomie culturelle des Juifs en diaspora. De ce fait, il a eu un rôle majeur, dans la naissance du courant yiddishiste, et dans la formation des jeunes écrivains à l'aube du XXe siècle. Seforim, Aleikhem et Peretz, les 3 grands auteurs classiques, et les nombreux créateurs qu’ils ont inspirés, ont construit les fondations de la littérature yiddish moderne dont le grand essor aura lieu à partir de la fin de la première guerre mondiale. Il faut dire que la littérature yiddish a bénéficié des transformations sociales, des progrès techniques qui ont permis de favoriser l'existence d'une culture ouverte, diversifiée, en langue vernaculaire. On pense ainsi à l'essor de la presse ou aux progrès de l'imprimerie au XIXe siècle, grâce auxquels des ouvrages populaires bon marché ont pu être produits et distribués jusque dans les moindres bourgades du monde ashkénaze. Rappelons aussi le rôle prépondérant que prendront les troupes de théâtre dans l'éducation des masses juives. Le théâtre sera un espace important pour exprimer les grandes interrogations qui secouent le judaïsme moderne et un répertoire théâtral important va se constituer. A cette époque, les goûts des lecteurs se transforment. Les modèles de la littérature yiddish ancienne sont délaissés. Le public, qui se contentait surtout de textes de vulgarisation religieuse, de feuilletons ou de mélodrames, se montre de plus en plus réceptif aux nouvelles formes littéraires et aux courants majeurs de la littérature européenne. On peut constater l'ouverture de la littérature yiddish aux cultures environnantes par la proportion importante de traductions en yiddish des grandes œuvres de la littérature universelle du XIXe et du XXe siècles, que ce soit, entre autres, Hugo, Maupassant, Romain Rolland, Nietzsche, Kafka ou Whitman. D'autre part, la littérature yiddish, qui s’est longtemps cantonnée dans l'expression des problèmes internes au judaïsme, se laisse à présent pénétrer par les principaux mouvements de l'avant-garde européenne, comme par exemple le symbolisme ou l'expressionnisme. Au début du XXe siècle, les thèmes de la lutte sociale et du combat politique prennent une importance prépondérante dans la poésie et le roman . C’est une période où les antagonismes sociaux se renforcent et où la révolution devient une option possible pour le prolétariat juif des grandes villes d'immigration. Petite pause musicale, avec une chanson bien connue Papirosn, dans la version du Klezmer conservatory band
- part 5
- Dans la dernière partie de cette chronique D’ici et D’ailleurs, voyons ce qu’il en est de la littérature et la langue yiddish dans le monde contemporain. La littérature yiddish moderne a pour originalité d'être une vaste caisse de résonance des aspects les plus contradictoires du judaïsme moderne et des littératures européennes. Les textes sont aussi bien des textes d'auteurs pour qui le peuple juif ne peut pas survivre sans la référence religieuse, comme chez Hillel et Aaron Zeitlin, que des textes d’auteurs révolutionnaires partisans d'une laïcisation totale de la vie juive. On peut y découvrir des écrivains qui fondent leurs œuvres sur une ré-appropriation des grands thèmes bibliques ou midrachiques, tel Itzik Manger. D'autres, notamment en Union soviétique après 1917, tentent de concilier la fidélité au judaïsme et les espérances de la Révolution, comme Peretz Markish ou David Bergelson. Certains tentent de créer une littérature juive qui soit influencée par les modèles de la littérature universelle et dans laquelle le judaïsme n'est plus qu'une sorte de thème identitaire. La création en yiddish, que ce soit le roman, le théâtre, la poésie ou la nouvelle, devient un miroir des bouleversements et des drames vécus par le peuple juif au XXe siècle. Le panorama de la littérature yiddish moderne est vraiment riche et couvre une aire géographique qui va de l’Europe en Israël, les États-Unis et jusqu'en Amérique du Sud. Impossible d’évoquer tous les auteurs. Je n’évoquerai donc maintenant que quelques auteurs représentatifs des multiples facettes de la création littéraire en yiddish. Commençons par les Etats-Unis. La littérature yiddish aux États-Unis commence à se développer après la première guerre mondiale. Le créateur le plus achevé est, sans conteste, Isaac Bashevish Singer, lauréat du Prix Nobel de littérature en 1978. Il a émigré aux États-Unis en 1935, après avoir vécu à Varsovie. Son œuvre est, à la fois, un mémorial de la vie juive d'Europe Orientale et un remarquable témoignage sur le déracinement des juifs dans les mégalopoles américaines, un témoignage du déchirement entre la nostalgie, le souvenir et la difficulté de survivre après l'Holocauste. A l’Est, la révolution bolchevique aura attiré un nombre important de créateurs qui pensaient pouvoir créer en Union soviétique une culture juive nouvelle. Après une période de relative liberté, la création en yiddish s’est vue lentement asphyxiée, jusqu'à la liquidation totale des écrivains dans les années 1950. Un romancier comme der Nister, auteur de magnifiques contes symbolistes, a tenté de concilier les thèmes de la mystique juive avec le réalisme prôné par les autorités soviétiques. Il incarne bien le déchirement d'une génération, tiraillée entre la fidélité au passé et les exigences de l'idéologie communiste. Il a été victime des purges staliniennes, tout comme d’autres écrivains, tels Moshe Kulbak, Perets Markish ou Itzik Feffer. En Israël, il n’a pas été facile à la culture yiddish de se maintenir, alors que le nouvel État se construisait autour de la langue nationale, l'hébreu moderne. Mais de nombreux écrivains ont lutté pour maintenir une présence du yiddish. On peut citer, notamment, Avrom Sutzkever, auteur d'une œuvre poétique d'une grande force, hantée par la mémoire de l'Holocauste. Il a été le rédacteur d'une des plus prestigieuses revues littéraires, Di goldene keyt, « Le Chaînon d'or ». Avec la Shoah qui a entraîné la destruction des communautés juives, le yiddish a perdu sa base économique et sociale. Mais le yiddish continue à être une référence culturelle importante dans la société contemporaine. On le voit par l'abondance des traductions d'œuvres yiddish dans les principales langues européennes, par le nombre croissant d'universités, d'institutions ou de centres culturels dans lesquels on étudie la littérature passée et la langue vivante. Pour conclure cette chronique consacrée au yiddish, on peut dire que le yiddish est devenu une langue de culture bien qu'on assiste aujourd'hui à un certain regain de son étude en tant que langue vivante. Chers auditeurs, une dernière chanson en yiddish, Allelujah de Léonard Cohen chantée en Yiddish , avant d’avoir le plaisir de vous retrouver mercredi prochain pour une nouvelle chronique D’Ici et D’ailleurs, de 14h à 14h30 . Et demain , jeudi, pour la rediffusion de cette émission, de 16h30 à 17h.