ET SI PAS MAINTENANT, QUAND ? Ep28
- intro
- Bonsoir. Bienvenue dans l'émission du CCLJ, "Et si pas maintenant, quand?". Avec nous ce soir: Géraldine Kamps, rédactrice en chef adjointe de Regards, qui nous parlera du verdict et de la sentence pour le procès de l'attentat du Musée juif de Belgique. Patrick Charlier, Directeur d'UNIA, le Centre pour l'égalité des chances et la lutte contre le racisme, avec qui nous parlerons de ce même procès ainsi que du carnaval d'Alost. Frédérique Schillo qui commentera l'actualité israélienne depuis Jérusalem. Daniel Friedmann, sociologue et cinéaste, qui nous parlera de son documentaire "(Des)espoirs de paix" qui sera projeté ce 21 mars au CCLJ. virgule On commence tout de suite en musique en écoutant un titre du groupe australien Parcels, c'est Overnight.
- Musique
- itw 1 - Géraldine Kamps
- C'était Parcels avec Overnight. Et pour commencer cette émission, j'accueille Géraldine Kamps. Bonsoir Géraldine.
- Géraldine Kamps vous êtes la Rédactrice en chef adjointe du Regards, la revue du CCLJ. On va parler ce soir avec vous de l'attentat du Musée juif de Belgique qui s’est achevé ce 11 mars 2019 avec la condamnation des deux accusés, après plus de neuf semaines de débats. Géraldine, on peut réellement parler d’un procès historique ?
- Effectivement, d’abord parce qu’il s’agissait du premier procès relatif à un acte terroriste sur le sol belge. Ensuite parce que c’était un procès fleuve, qui a duré près de deux mois comme vous l’avez dit, et puis qui a mobilisé un nombre impressionnant de personnes : 24 jurés (12 effectifs, 12 suppléants), huit parties civiles, 5 avocats pour la défense, deux procureurs fédéraux, deux juges d’instruction, une centaine de témoins, sans compter les experts et tous les enquêteurs venus à la barre. Quelque 400 journalistes ont été accrédités. Le public, plus disparate en dehors de quelques grosses journées, a suivi le procès de façon très assidue.
- Parmi les moments clés, on retiendra notamment l’audition de la famille Riva le 18 janvier. Une audition qui était très attendue.
- ... « Tant qu’elles n’auront pas leur propre famille, le poids sera trop lourd à porter. Ce qui les maintient, c’est leur relation entre elles », conclura-t-il, confiant que « le procès a réveillé la douleur que l’on avait essayé d’enfouir avec les années ». Les quatre membres de la famille Riva quittent la salle d’audience, escortés par une sécurité rapprochée. Le silence n’a jamais été aussi lourd.
- Il y a aussi eu les journalistes français, ex-otages en Syrie, qui ont pu témoigner de la violence de Mehdi Nemmouche.
- ... Un moment marquant dans le procès sera lorsque Didier François rappellera que Mehdi Nemmouche l’appelait « Mon p’tit Didier ». On a tous été témoins à ce moment-là d’un sourire de Mehdi Nemmouche, dans le box, comme un réflexe humain qui l’aura trahi malgré lui.
- Les auditions filmées du principal accusé ont, elles aussi, été révélatrices de sa personnalité, et ce malgré son droit au silence, Géraldine.
- ... La promesse de parler « le moment venu » sera faite devant la Cour, comme elle l’avait été dans la vidéo de revendication enregistrée dans son appartement de Molenbeek et retrouvée sur son ordinateur le jour de son arrestation.
- Géraldine, on a aussi beaucoup parlé de la stratégie mise au point par la défense qui a choisi de faire le procès des victimes plutôt que de s’attarder sur les actions de son client.
- ... Avec des dégâts dans l’opinion publique catastrophiques. « Me Courtoy ne s’adresse pas au prétoire, mais bien à l’extérieur », dénoncera Me Lurquin, avocat des parties civiles, illustrant ses dires par le fait que Courtoy n’ait même pas assisté aux plaidoiries de ses confrères. « La Cour d’assises se voit transformée en véritable tribune médiatique », déplorera Me Ramet.
- Le verdict a clairement rejeté cette thèse du complot en condamnant Mehdi Nemmouche à la peine maximale, et Nacer Bendrer, son co-accusé, à 15 ans de prison.
- ... Si les parties civiles ont regretté la tribune médiatique offerte à la défense tout au long du procès, et ont beaucoup souffert de ce qui a été dit à leur sujet, elles se sont dit satisfaites du verdict, et espèrent pouvoir enfin se reconstruire.
- Géraldine Kamps, merci pour ce compte-rendu du procès de l'attentat du Musée juif de Belgique. On vous retrouvera bien sûr prochainement dans cette émission. A bientôt.
- musique
- itw 2 - Patrick Charlier
- On écoutait No surprises, un classique du groupe britannique Radiohead. Avec nous en studio, Patrick Charlier. Bonsoir.
- Patrick Charlier, vous êtes co-Directeur d'UNIA, le Centre pour l'égalité des chances et la lutte contre le racisme. Rappelons qu'Unia est une institution publique indépendante qui agit en Belgique tant au niveau fédéral qu’au niveau des Régions et des Communautés. Patrick Charlier, de formation, vous êtes juriste. Vous avez travaillé à la Ligue des droits de l’Homme, vous en avez notamment été le directeur. Vous êtes chez Unia depuis 18 ans déjà et vous en assurez la direction aux côtés d'Els Keytsman depuis 3 ans. On vous reçoit ce soir pour parler dans un premier temps du procès de l'attentat du Musée juif de Belgique qui vient de prendre fin. Unia s'était constitué partie civile pour ce procès aux côtés des victimes. Avant d'entrer dans le vif du sujet, Patrick Charlier, pouvez-vous nous rappeler le rôle que joue Unia en Belgique?
- Sur quels critères se base-t-on pour qualifier un acte ou une parole de "discriminatoire"?
- Tout un chacun a la possibilité signaler une discrimination auprès d'Unia. A-t-on une idée du pourcentage de signalements par rapport aux actes en tant que tels?
- L'année dernière, Unia a traité plus de 100 cas d'antisémitisme en Belgique. Patrick Charlier, constatez-vous que nombre évolue au fil des années? Dans quel sens?
- Quels sont par exemple les cas d'antisémitisme qui ont été signalés en 2018?
- On a beaucoup parlé ces dernières semaines du procès de l'attentat du Musée juif de Belgique, pour lequel Unia constitué partie civile. Patrick Charlier, pourquoi ce choix?
- Qu'attendait Unia de ce procès? A VOIR Rappelons que le caractère antisémite a été retenu contre les coupables.
- Patrick Charlier, que pensez-vous du verdict et des peines dont ont écopé Mehdi Nemmouche et Nacer Bendrer?
- Y a-t-il d'après vous un moyen de prévenir les actes terroristes et antisémites en Belgique?
- L'autre sujet que nous souhaitons aborder avec vous ce soir, c'est le carnaval d'Alost de la semaine dernière, ou plutôt ses dérives. Le carnaval d'Alost est assez connu en Belgique pour son mauvais goût. Cette année, on a pu apercevoir dans le cortège un char sur lequel se tenaient des marionnettes géantes aux traits grossiers de Juifs ultra-orthodoxes, aux nez crochus et aux coffres remplis d’argent. On est clairement en plein dans les stéréotypes antisémites. Dans ce festival, ce genre de démonstration est autorisée "au nom de l'humour". Dans ce cas-ci, parler d'humour semble être une grossière manière de nier les faits. Du côté de la communauté juive, on s'est dit choqués et en colère. D'autant plus que cet événement est survenu dans un contexte général de montée d'antisémitisme dans notre pays. Cet événement a d'ailleurs déjà été signalé auprès d'Unia. Patrick Charlier, quelles vont être les suites de cette affaire?
- Au lendemain de ces événements, Unia faisait part d'un communiqué à ce sujet, déclarant vouloir jouer un rôle actif dans le dialogue. Mais il n'y avait pas de condamnation claire des événements survenus à Alost. En lisant le communiqué daté de ce 5 mars, on a l'impression que ces dérapages sont excusables car le carnaval d'Alost est connu pour ça. Je cite: "Un carnaval comme celui d’Alost est, par essence, un lieu d'autodérision, de satire, un outil de critique sociale." Pour de nombreuses personnes de la communauté juive, ce communiqué de la part d'Unia n'était pas suffisant. Elles en attendaient plus. Patrick Charlier, pourquoi cela n'a-t-il pas été le cas?
- Que ce soit dans le dossier des élèves qui se déguisent en musulmans à l’occasion des 100 jours ou dans le cas des chars du carnaval d’Alost qui caricaturent les juifs, un événement festif a suscité de nombreuses réactions, souvent indignées. Les clichés et stéréotypes sortis de leur contexte provoquent de nombreux malentendus et heurtent les sensibilités. Unia préconise le dialogue. Un carnaval comme celui d’Alost est, par essence, un lieu d'autodérision, de satire, un outil de critique sociale. Impossible donc d’éviter les stéréotypes, les clichés et les généralisations. Un temps pour inverser les rôles et ne pas avoir à respecter les normes. Mais les stéréotypes et les généralisations peuvent évidemment être offensants. Unia se propose donc d’inviter les différentes parties autour de la table. "Un échange direct entre personnes se révèle souvent précieux quand il s'agit de dépasser les préjugés", souligne Patrick Charlier.
- Le rôle d'Unia est pourtant d'agir contre les discriminations. Et précisément, ici, on est clairement dans des dérapages antisémites - qui par ailleurs ne sont pas nouveaux en ce qui concerne le carnaval d'Alost. Patrick Charlier, pourquoi Unia n'a-t-il pas réagi dans ce sens?
- Patrick Charlier, merci d'avoir été avec nous ce soir et merci d'avoir répondu à nos questions. A bientôt.
- musique
- itw 3 - Frédérique Schillo
- C'était Girafot avec leur titre Mi shelo holem, koes. On part tout de suite à Jérusalem où nous attend Frédérique Schillo. Bonsoir Frédérique.
- Pour commencer ce soir, nous allons bien sûr parler des tensions à Jérusalem, aux abords des lieux saints de la vieille ville. Ce n'est pas la première fois que cette région connaît de fortes tensions, mais la situation actuelle inquiète davantage le gouvernement israélien car cette fois-ci, outre les Palestiniens, des Jordaniens et des Saoudiens sont également impliqués. Frédérique, qu'est-ce qui est à l'origine de ces tensions et pourquoi la Jordanie et l'Arabie Saoudite se retrouvent concernées par ces événements?
- Autre sujet à l'actualité ce soir, une nouvelle cellule terroriste du Hezbollah, sur le plateau du Golan syrien, a été démantelée hier par l'armée israélienne. Cela rouvre les débats sur le Golan et ses enjeux stratégiques. Depuis la Guerre des Six Jours, ce territoire est occupé et administré par Israël, qui souhaiterait que sa souveraineté y soit enfin reconnue internationalement. Frédérique, que sait-on pour l'instant à propos de la cellule terroriste identifiée hier? Et à quoi peut-on s'attendre concernant cette région du territoire israélien?
- Et pour terminer, on va parler d'une nouvelle polémique au centre de laquelle se trouve Binyamin Netanyahu. Il y a quelques jours, l'actrice israélienne Rotem Sela a publié un commentaire sur les réseaux sociaux après une intervention de Miri Regev, la Ministre de la Culture, à la télévision, qui invitait à ne pas voter pour les concurrents du Premier Ministre aux élections, brandissant la menace d’une alliance entre ses adversaires et les partis arabes pour gouverner après les élections. Rotem Sela avait réagi en écrivant ceci: « Quand est-ce que quelqu’un dans ce gouvernement dira enfin aux gens qu’Israël est un Etat de tous ses citoyens et que tous les gens ont été créés égaux ». Le Premier Ministre lui a répondu le lendemain, en déclarant « Chère Rotem, Israël n’est pas l’État de tous ses citoyens » car « selon la loi fondamentale sur la nation adoptée l’an dernier, Israël est l’État-nation du peuple juif - et uniquement du peuple juif ». Frédérique, cette polémique a fait beaucoup réagir depuis lors.
- Frédérique Schillo, merci pour ces commentaires. On vous retrouvera bien sûr la semaine prochaine. Bonne soirée.
- Musique
- itw 4 - Daniel Friedmann
- On écoutait Daft Punk en duo avec Julian Casablancas sur ce titre Instant Crush. J'accueille à présent Daniel Friedmann. Bonsoir
- Daniel Friedmann, vous êtes sociologue, chargé de recherche au CNRS, et cinéaste. Vous enseignez à l'École des hautes études en sciences sociales de Paris, où vous avez créé en 2000 le séminaire "Filmer le champ", qui porte sur les écritures audiovisuelles de la recherche. Vous êtes l'auteur de nombreux films documentaires, le dernier en date étant intitulé "(Des)espoirs de paix". Il sera projeté en votre présence ce jeudi 21 mars au CCLJ. Dans ce film, vous posez la question suivante: "Comment comprendre l’impasse dans laquelle se trouvent Israéliens et Palestiniens, alors qu’une majorité semble aujourd’hui approuver la solution à deux Etats?" Pour tenter d'y répondre, vous êtes allé à la rencontre de personnes provenant des deux peuples, militants et observateurs du conflit.
- Daniel Friedmann, comment est né le projet de ce film documentaire?
- Pour ce film documentaire, vous vous êtes rendu dans les territoires que l'on appelle occupés et vous êtes allé à la rencontre d'individus des deux camps. Comment avez-vous trouvé vos interlocuteurs?
- A-t-il été aisé de les faire parler sur ce sujet qui reste très sensible, surtout dans cette région?
- Daniel Friedmann, avez-vous trouvé réponse à vos interrogations de départ?
- Il y a quelques mois était votée en Israël la Loi sur l'Etat-nation, qui fait d'Israël l’État-nation du peuple juif - et uniquement du peuple juif, comme l'a rappelé il y a quelques jours encore Netanyahu. Dans un tel contexte, Daniel Friedmann, y a-t-il encore des espoirs de paix?
- Dans moins d'un mois, les Israéliens seront invités à se rendre aux urnes pour les élections législatives. Depuis plusieurs semaines, le Premier Ministre est au coeur de diverses polémiques, ce qui a pour effet de favoriser davantage le centre-gauche de Benny Gantz et Yaïr Lapid, au détriment du Likoud. Daniel Friedmann, pensez-vous que les discours de la gauche pourraient à cette occasion reprendre de la vigueur en Israël?
- Daniel Friedmann, d'après vous, la solution à deux Etats est-elle encore possible?
- La paix semble tellement loin aujourd'hui... Peut-on tout de même y arriver un jour? Comment?
- A VOIR Comment aller de l'avant aujourd'hui?
- Daniel Friedmann, merci d'avoir été des nôtres ce soir. On vous retrouvera dans une semaine exactement. Votre film documentaire "(Des)espoirs de paix" sera projeté au CCLJ ce jeudi 21 mars à 20h. A très bientôt donc!
- conclusion
- Notre émission touche à sa fin. Merci à tous nos invités d'avoir été avec nous ce soir et à vous d'avoir été à l'écoute.
- A l'agenda au CCLJ cette semaine: - Demain, vendredi 15 mars à 20h, c'est le rdv ciné-club avec à l'affiche "Le Brio", un film d'Yvan Attal. - Dimanche 17 mars à 15h, Adolphe Nysenholc viendra nous présenter son livre intitulé "L’ENFANT SAUVÉ, de la cache au statut". - Lundi 18 mars à 18h, un apréo avec Léon. Il y sera question des élections en Israël. - Et jeudi 21 mars à 20h, la projection du documentaire “(DES)ESPOIRS DE PAIX” réalisé par Daniel Friedmann qui était en ligne avec nous il y a quelques instants.
- Pour toute information sur nos activités, n'hésitez pas à vous rendre sur le site du CCLJ, www.cclj.be Quant à nous, on se retrouve la semaine prochaine à 18h30. D'ici là, vous pouvez réécouter cette émission en vous branchant sur Radio Judaïca dimanche à 19h, ou à tout moment via le podcast disponible sur le site de la radio et celui du CCLJ. Bonne soirée à tous.