D'ICI ET D'AILLEURS Ep25
- PROCÈS EICHMANN
- Bonjour chers auditeurs de Radio Judaïca. Pour la chronique d’aujourd’hui, nous remontons au début des années 1960 pour porter une réflexion sur une relation triangulaire. Vous pensez peut -être que je vais vous raconter une version juive , totalement inédite des « Liaisons dangereuses ». Mais non, ce n’est pas au programme du jour. Je vais vous parler du lien entre histoire –mémoire et justice, et cela à travers une analyse du procès Eichmann. J’ai choisi le thème de cette chronique suite au goût amer qu’a laissé le procès du terroriste Medhi Nemouche, le tueur du Musée Juif à Bruxelles qui a été reconnu coupable de l’exécution de 4 personnes en mai 2015. Goût amer parce que les avocats de la défense n’ont pas hésité à salir les 4 victimes, à insulter les témoins appelés à la barre, à invoquer le complot ourdi par le Mossad pour disculper le tueur. Ce procès est illustratif d’une époque, comme l’a été celui d’Eichmann. VIrgule Le procès de l ’ex-responsable des « affaires juives » du service de sécurité du Reich, Adolph Eichmann, s’est déroulé à Jérusalem du 11 avril au 15 décembre 1961. Il est condamné à âtre pendu et la sentence sera exécutée quelques mois plus tard, le 31 mai 1962. Son procès, sa condamnation et son exécution sont mondialement médiatisés. Le procès d’Adolf Eichmann en 1961 à Jérusalem, après sa capture par le Mossad en Argentine, a incontestablement marqué l’entrée dans une ère nouvelle. Une ère du témoin comme « porteur d’Histoire ». Une ère où la mise à mort systématique des juifs a été distinguée, parmi tous les crimes de masse commis par les nazis, avant même que le terme de « Shoah » ne s’impose à l’opinion publique. Près de 60 ans après ce procès, trois questions peuvent se poser quand on l’évoque: la première :Comment s’en souvient-on ? Ensuite : comment saisir le rôle qui est donné à la mémoire au sein du procès lui-même ? Et enfin :comment réfléchir sur sa postérité, son « afterlife » ? Le procès Eichmann est bien sûr un événement historique, puisqu’il est le premier procès individuel et national de l’un des plus grands criminels nazis. Mais il est d’abord un événement juridique : parce qu’un procès se prépare, se déroule dans le cadre strict de codes et de règles de droit. A la dimension historique et au cadre juridique, vient s’ajouter une notion qui joue un rôle majeur, la notion de mémoire. Il faut commencer par rappeler que ce procès a été pensé par le pouvoir politique israélien, c’est-à-dire par Ben Gourion, alors le Premier ministre du jeune État d’Israël, pour en faire un « procès-mémoire », cà d un procès dont la fonction première était de faire mémoire, dans tous les sens du terme. Il s’agissait de faire en sorte que le souvenir de la Shoah soit vivant en Israël, car même si, en 1961, ce souvenir était présent, Ben Gourion ne lui avait encore donné aucune dimension nationale, ni même politique. Le procès Eichmann devait être le point de départ de l’édification de ce souvenir en élément d’identité nationale. En outre, ce procès avait aussi un rôle qu’on pourrait définir comme social dans le sens où David Ben Gourion espérait combler le fossé entre les générations par ce biais. En effet, à l’époque en Israël, ce fossé était bien profond. Les survivants de la Shoah devaient vivre aux côtés des première et deuxième générations de sabras, devaient vivre, à partir de 1945, avec des juifs expulsés des pays arabes, qui n’avaient connu ni la communauté juive d’Europe de l’Est d’avant la guerre, ni par définition le génocide. Le procès d’Adolph Eichmann va permettre cet échange entre les générations: elles vont s’écouter et dialoguer. D’ailleurs, à l’ouverture du procès, le procureur, Gideon Hausner, commence son discours inaugural en insistant sur le lien entre les victimes de la Shoah et les Juifs depuis les temps immémoriaux. Le procureur déclare qu’ils appartiennent tous au même peuple victime d’une fatalité, la persécution . Hausner fait référence au Pharaon égyptien, à Aman, aux pogromes russes, avant d’en arriver à la « pire des persécutions de l’histoire, celle du régime d’Hitler, et de son exécutant Eichmann ». Les paroles du procureur montrent bien l’importance de la construction de ce lien générationnel et met en évidence également l’unité du peuple juif dans le temps et dans l’espace. Des raisons symboliques ont aussi fondé la volonté d’élaborer et de mener ce procès comme un procès-mémoire . Le jugement d’Adolf Eichmann aurait pu se limiter à un procès strictement pénal, au cours duquel on aurait jugé les actes d’un homme. Mais les enjeux dépassaient largement ce cadre. En effet, en faisant s’exprimer l’accusé Eichmann, il s’agissait de donner un visage au « mal absolu », il s’agissait de mettre en lumière tout le processus de la Solution finale et de son exécution. C’est ainsi que 112 témoins ont comparu. La plupart n’avaient aucun lien direct avec Eichmann, dont la plupart ne l’avaient jamais rencontré. Par ces témoignages, il s’agissait de laisser s’exprimer le souvenir et d’encadrer la mémoire du génocide. Et de ce point de vue -là, on peut affirmer que le procès Eichmann est un procès réussi, parce qu’il a fait mémoire, même si il a eu lieu 15 ans après la fin de la guerre. Il a marqué un changement dans la perception de la Shoah, dans la perception de l’identité israélienne, dans la perception de ce que c’est qu’un crime de masse et donc sa possibilité de le juger. Pour évaluer de la réussite du procès Eichmann dans cette perspective mémorielle, prenons le procès du maréchal français Pétain , qui a eu lieu en juillet- août 1945 devant la Haute Cour de Justice. Pétain s’était très peu exprimé et le défilé des témoins a surtout été un défilé de personnalités politiques. Sur le plan mémoriel, on peut qualifier ce procès de « raté ». Un autre procès raté sur le plan mémoriel est celui de Slobodan Milosevic, l’ex président de la fédération de Yougoslavie, jugé à partir de 2002 au Tribunal Pénal International pour l’Ex-Yougoslavie, et qui est mort avant la fin de son procès, en 2006. Avant d’aborder les raisons pour lesquelles le procès Eichmann peut être aujourd’hui considéré comme un tournant dans l’évolution de la mémoire de la Shoah, écoutons une chanson dédiée au souvenir de la déportation, justement titrée Souviens-toi du jour
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- Nous allons voir à présent en quoi le procès Eichmann peut être aujourd’hui considéré comme un tournant dans l’évolution de la mémoire de la Shoah. Cette question reste ouverte car il y a des différences notables en fonction des pays. En Israël, comme je le disais avant la pause musicale, le procès Eichmann est une étape décisive. Il y a eu une prise de conscience très importante de ce que fut le génocide. L’exceptionnalité de l’événement a été déterminant : la Shoah fait alors véritablement irruption dans la vie quotidienne des Israéliens, qui entendent les témoignages et les débats du procès en direct à la radio pendant plusieurs mois ; tous les journaux ne parlent plus que de ce procès . La mémoire de la Shoah va ainsi trouver ses formes : elle se matérialise dans un lieu spécifique , à savoir la salle du tribunal (construite pour l’occasion, qui est restée un monument de Jérusalem), on lui accole des visages, et elle se forge ce qu’on pourrait appeler « un patrimoine », au sens fort du terme, avec le film quasi intégral du procès, qui va permettre de garder une trace de ces témoignages. Avant le procès Eichmann, la Shoah était absente de la scène politique israélienne. Avec le procès Eichmann, la Shoah devient un élément d’identité sur le plan national, tout autant que sur le plan international . Ben Gourion a d’ailleurs souhaité faire de ce procès un événement médiatique pour que le monde entier entende la souffrance des Juifs et constatent leur capacité à juger leurs bourreaux. On entend souvent, aujourd’hui encore, que ce soit utilisé comme un argument antisioniste ou non, que l’État d’Israël existe parce qu’il y a eu la Shoah. Or, c’est faire l’impasse sur ce qui a précédé la création de l’Etat d’Israël. Il est vrai qu’à la fin de la guerre, la nécessité de donner une réponse aux Juifs quant à l’attribution d’une terre a été un élément majeur dans le processus de création de l’État. Mais les fondements mêmes de l’État d’Israël n’ont rien à voir avec l’histoire de la Shoah, ils sont indéniablement liés à l’histoire du sionisme. La question de l’existence d’un État juif en Palestine s’était déjà posée, ne serait-ce qu’avec la déclaration Balfour de 1917, qui prévoyait la création d’un « foyer national juif » en Palestine. Le procès Eichmann a eu des répercussions importantes dans les autres communautés juives du monde, et notamment aux États-Unis, dans la mesure où il a contribué à rompre l’isolement des Juifs après la guerre : les Juifs ont eu l’impression d’avoir été largement abandonnés pendant la guerre, malgré les actes de sauvetage. Bon nombre de survivants ont éprouvé le sentiment que leur souffrance n’a pas été reconnue dans sa singularité. Il faut dire que les grands procès de Nuremberg n’avaient pas joué ce rôle de reconnaissance parce que le génocide des Juifs n’y avait pas été abordé dans sa singularité. Il avait été englobé dans la perspective plus globale des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité. Il faut remarquer qu’en France, si on se base sur les articles de presse parus à l’époque, le procès Eichmann semble avoir eu peu d’impact au moment où il a eu lieu. En 1961, la France est en pleine guerre d’Algérie. L’idée d’une singularité du crime aura plus de mal à cheminer en France à cause de l’idéologie républicaine, du refus du particularisme. Cela a empêché l’expression d’une véritable mémoire publique de la Shoah jusque dans les années 1980. Une nouvelle pause musicale , avec un autre titre de circonstance, Résistance
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- La Chronique D’Ici et D’ailleurs continue à évoquer le procès d’Adolf Eichmann, dans sa perspective entre histoire, mémoire et justice. Sur le plan de la justice, une des grandes critiques adressées au procès Eichmann, notamment par Hannah Arendt, porte sur le fait d’avoir mené un procès national, en Israël, plutôt que d’avoir tenu un procès international avec une visée « universaliste ». Certains historiens estiment au contraire que le procès Eichmann constitue une étape dans la construction de cette justice internationale. Cette opinion se fonde, par exemple, sur l’interprétation donnée à la résolution de l’Onu de juin 1960. L’ONU reconnaît qu’Israël a violé la souveraineté nationale de l’Argentine , puisque Eichmann a été enlevé illégalement en Argentine par des agents du mossad, tout en affirmant le droit d’Israël à juger Eichmann. On peut voir là la première expression d’un dilemme, qui va se répéter dans les années à venir, du fait de l’absence de structures juridiques permettant de juger de tels crimes à cette époque. Le dilemme, c’est que d’une part, la communauté internationale réaffirme, évidemment, la nécessité de respecter l’état de droit et les règles internationales établies depuis peu, mais d’autre part, elle ne peut que prendre acte – et le dire explicitement – que juger les crimes d’un Eichmann est indispensable, même si – implicitement –, cela n’est possible que si l’on contourne parfois les règles dès lors que ces criminels sont protégés (comme Eichmann en Argentine). Dans ce procès, qui veut faire œuvre de mémoire, il faut relever que Eichmann lui aussi veut pérenniser une mémoire, SA mémoire. Il veut laisser une trace de ce qu’il a fait. Les images du procès, les nombreux écrits d’Eichmann montrent comment la parole lui a été donnée, montrent comment il s’est exprimé sur ses actes et sa conscience. Eichmann a participé à la construction d’une image forte de l’imaginaire collectif : celle du criminel de bureau, ordonnant la mort froidement . Son phrasé, sa manière de s’exprimer, que l’on entend longuement lors du procès, est devenue une référence . Comme dans le roman « Les Bienveillantes », écrit en 2006 par Jonathan Littell, qui raconte les mémoires d’un personnage fictif, Maximilien Aue, qui a participé aux massacres de masse nazis comme officier SS. Le héros fait très souvent référence à Eichmann, à sa façon de parler, à cette froideur. Par ailleurs, on peut considérer que Eichmann , au cours de son procès, est lui aussi un témoin. Même si il est plus couramment admis de réserver la notion de témoignage à la parole de la victime. Mais dans le cas d’Eichmann, il faut bien lui reconnaitre cette qualité de témoin pour pouvoir analyser un procès où l’accusé est un témoin, souvent même le principal témoin. Eichmann a dit énormément de choses, dans un langage qui lui est propre, , il s’est expliqué pendant des jours et des jours. Des nouvelles recherches qui ont été faites pour le 50eme anniversaire du procès ont permis de découvrir qu’Eichmann avait écrit directement ou annoté près de 10.000 pages. C’est évident qu’il veut laisser une trace dans l’histoire. Ses écrits nous montrent qu’il est pris dans une ambivalence morale et psychologique, qu’il nous est sans doute impossible de comprendre pleinement : il exprime une vague conscience que ce qu’il a fait est « mal », il cherche à minimiser son rôle, et en même temps, il le revendique comme étant en partie son « œuvre ». C’est une des dimensions du personnage, qui s’investit dans sa tâche, au-delà du fanatisme. Dans sa manière de revenir sur ses actes, la dimension juridique est très importante : il a écrit des milliers de pages de mémoires et témoignages , entre 1956-1960,donc déjà avant sa capture , parce qu’il se prépare à un procès éventuel en Allemagne. Il veut d’ailleurs revenir en Allemagne. Et c’est dans le cadre du procès de Jérusalem qu’il laisse les traces dont on dispose aujourd’hui : l’interrogatoire, les notes, les mémoires écrits en Israël, et 250 heures de film. En matière de justice et de procédure, depuis la Révolution Française, la conception du procès repose sur l’expression de la parole : l’oralité des débats, la suprématie de la parole, l’échange, le contradictoire. Or, dans le procès Eichmann, on a laissé à l’un des pires criminels de l’histoire la possibilité de s’exprimer en tant qu’accusé. Eichmann en est tout à fait conscient, et il saisit cette opportunité, contrairement à de nombreux autres criminels nazis, restés silencieux lors de leurs procès. Certains historiens considèrent que pour ce fait -là aussi le procès Eichmann est exceptionnel . Ils s’opposent ainsi à la pensée de Anna Arendt. D’après eux, Arendt ne prend pas en compte l’importance du champ d’expression donné à Eichmann parce qu’elle considère qu’il est un personnage comme sans importance par rapport à sa propre conception du système totalitaire, elle ne verrait donc pas l’accusé qu’il est, pour ne voir en lui qu’un « criminel de bureau »,selon la formule choc du procureur. Une petite pause musicale avant d’aborder la dernière partie de cette chronique, avec le titre Guilty
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- Je vous disais avant la pause musicale qu’on pouvait considérer la singularité du procès d’Eichmann à Jérusalem en 1961 comme un procès exceptionnel parce que l’accusé est à la fois accusé et témoin et qu’il a eu toute la latitude de s’exprimer sur ses actes et dès lors de laisser, lui aussi, son témoignage. Et bien entendu, face à Eichmann, il y a les victimes. 112 témoins sont cités à comparaître à son procès. Ils ne sont pas tous des victimes. Ils ne viennent pas tous parler des camps de la mort. Voyons quel a été l’impact de ces divers témoignages . Le procureur, Gideon Hausner, a organisé la succession des témoignages comme une leçon d’histoire. Il appelle donc, comme premier témoin, l’historien du judaïsme Salo Baron, qui va intervenir moins pour expliquer le nazisme que pour expliquer ce qu’était le monde juif européen d’avant la Shoah, qui appartient désormais à un passé révolu même si il est récent. À travers tous ces témoignages, le procureur assure un suivi chronologique des faits, qui correspond à la carrière d’Eichmann, assez représentative en elle-même des différentes étapes de l’extermination. Mais la volonté de mener un procès historique se heurte à quelques difficultés, disons de technique. Comme le procureur est dans une démarche « historique », il ne peut pas faire l’impasse sur des éléments importants de l’histoire du génocide, même s’ils n’ont pas de lien direct avec l’accusé. Comme par exemple le rappel des massacres par balles de 1941, dans lesquels Eichmann n’a joué aucun rôle. Et comme il est aussi dans une logique politique, Hausner a convoqué de nombreux témoins pour parler de la résistance juive, dans les ghettos de Varsovie, de Vilnius, ou à Auschwitz. Ces épisodes ne sont pas insérés dans les témoignages en fonction de leur place historique, mais en fonction de leur place symbolique dans l’image que l’on veut construire du nouveau peuple juif. Cette démarche historique vise aussi à atténuer les effets jugés dangereux d’une présentation des juifs européens sous l’angle exclusif de la victime. Le procès Eichmann a ainsi inauguré un débat historiographique permanent, encore d’actualité aujourd’hui : il pose la question suivante : faut-il faire l’histoire de la Shoah du point de vue des victimes, ou plutôt l’histoire du nazisme du point de vue du criminel ? Pour conclure, on peut estimer que pour toutes les raisons développées au long de cette chronique, le procès Eichmann de 1961 a donné aux Israéliens une manière d’encadrer le retour dans la mémoire du génocide des Juifs par les nazis. Il a donné une manière d’organiser au plus haut niveau le temps du souvenir. Avant le procès, la parole des victimes et la réalité même de ce qu’avait été le génocide avaient été refoulées ou étaient largement méconnues. Pendant les 8 mois du procès, au fil des semaines, lorsque les témoins et survivants de la Shoah arrivent, les uns après les autres à la barre, le procès Eichmann prend une autre direction, imprévisible et essentielle. Ces victimes n'ont jamais parlé, ou si peu parlé. Pour la première fois, un peuple entier se met à les écouter. Désormais, il n’y avait plus d’impunité pour les génocidaires. Ca c’était ce qu’on pensait il y a 58 ans. Combien de fois n’a -t-on pas entendu « plus jamais ça », après des appels au meurtre des Juifs et/ou des sionistes . Plus récemment, n’avons-nous pas entendu , je paraphrase,« ce pays sans les Juifs ne serait plus ce pays ». Aujourd’hui quand un terroriste islamiste tue dans un musée juif et que d’accusé, il veut s’arroger , non pas le statut de témoin mais celui de victime d’un complot sioniste, il me semblait utile d’ajouter ma petite pierre à l’indissociable trio : histoire, mémoire et justice. VIRGULE C’est ici que se termine la Chronique D’Ici et D’ailleurs. Elle sera rediffusée demain de 16h30 à 17H . Je vous donne retrouve mercredi prochain de 14h à 14h30 avec un nouveau thème de chronique . Et comme cette dernière chanson le dit si bien, la mémoire et l’histoire doivent remplir leur mission, ne jamais oublier.
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