D'ICI ET D'AILLEURS Ep31
- Bonjour Chers auditeurs, Quand on parle de mémoire et plus particulièrement de transmission de la mémoire, on en parle comme d’un devoir. Est-ce que les jeunes générations à qui l’on tente de transmettre ce message le reçoivent bien, dans le sens où un devoir, c’est une obligation, une charge et que les plus jeunes sont réticents à se voir imposer des charges. Je serais plutôt portée à leur adresser un message plus concret mettant l’accent sur l’idée que le passé doit servir à adopter une attitude pour le présent. On vient de commémore la mémoire des 6 millions de Juifs assassinés par les nazis au cours de la 2eme Guerre Mondiale,c’était Yom Ha Shoah. Aujourd’hui, c’est Yom Hazikron, en l’honneur des soldats tombés pour défendre Israël et des victimes du terrorisme. Je voudrais dans ce contexte rappeler la mémoire de véritables héros, qui ont mené une guerre sans armes contre la terreur et le crime. La mémoire de Justes parmi les Nations . L’Etat d’Israël a décerné le titre honorifique de Juste parmi les Nations à des hommes et des femmes qui ont concrètement résisté et lutté contre l’anéantissement programmé des Juifs, désignés par la doctrine nazie comme des parias de l’humanité. Ces Justes ont posé des gestes qui réconcilient avec l’humanité, comme l’a écrit un jour écrivait un grand journaliste belge, Pol Mathil. Ces Justes, des non-juifs, dont le nom est inscrit sur le Mur d’honneur du jardin au cœur du Mémorial du Yad Vashem à Jérusalem, ont sauvé des vies juives, en toute conscience du danger auquel ils s’exposaient, sans attendre aucune récompense. Ils viennent de toutes les couches sociales, de tous les milieux professionnels. Comme on peut le lire sur le site du Yad Vashem, la plupart sont des gens ordinaires. Certains ont agi par conviction politique, idéologique ou religieuse ; les autres n’étaient pas des idéalistes mais simplement des personnes soucieuses du 2 sort de ceux qui les entourent. Dans de nombreux cas, ils n’avaient pas prévu de venir au secours des Juifs et n’étaient absolument pas préparés au moment d’agir au risque de leur vie. Les observateurs passifs sont la règle, les sauveteurs l’exception. Le fait que certains aient trouvé le courage, malgré la peur et les difficultés, de venir en aide aux victimes montre qu’il existait une certaine liberté de choix et que les gens ordinaires étaient en mesure de sauver des Juifs dans toute l’Europe occupée. Les Justes parmi les Nations nous enseignent que tout le monde est à même de faire une différence. L’idée du Juste parmi les Nations est véritablement un concept et un symbole universel. Au 1 er janvier 2018, il y avait 26.913 Justes parmi les Nations, dont 1.742 en Belgique. J’ai choisi de vous présenter quelques-uns de ces Justes, de 5 pays différents, qui ont sauvé des milliers de vies et un accompagnement musical dédié aux soldats de Tsahal tombés en défendant l’Etat d’Israël. Honneur aux femmes, je commence par la formidable épopée d’Irena Sendler qui a organisé la grande évasion des enfants du ghetto de Varsovie. Ce sera juste après une courte pause musicale
- De 2min 25 à 2 min 29
- Dans cette chronique consacrée aux Justes Parmi les Nations, je vous disais que je commencerai par évoquer l’héroïsme et l’humanité d’une femme, qui a réussi à extraire des enfants juifs condamnés à mourir dans le ghetto de Varsovie. Elle s’appelle Irena Krzyzanowska –Sendler. Irena Sendler est née en 1910 dans une banlieue ouvrière de Varsovie. Elle est catholique, étudie les lettres et milite à l’Union de la jeunesse démocratique, elle est active dans la défense de la liberté et notamment des étudiants juifs victimes de discriminations dans les universités polonaises. En 1939, elle travaille à la mairie de Varsovie, dans le département de l’aide sociale et se préoccupe particulièrement du sort des Juifs. En 1942, le ghetto juif de Varsovie a déjà été mis en place, elle adhère à une organisation clandestine créée par la résistance démocratique polonaise, le groupe Zegota, qui vient particulièrement en aide aux juifs. Elle est responsable du secours aux enfants. Elle parvient à se procurer un laissez-passer du bureau de contrôle des épidémies, qui lui permet d’entrer dans le ghetto. Elle y va tous les jours et apporte nourriture et médicaments. Pour circuler dans le ghetto et passer inaperçue, elle met le brassard avec l’étoile de David. Elle se rend compte que la majorité des Polonais est totalement indifférente au sort des Juifs , alors elle veut agir . Elle veut sauver les enfants. Elle est une toute jeune maman, elle aussi. Elle va organiser une vaste opération, de ce qu’on peut appeler une opération de contrebande d’enfants, avec quelques complices. Les enfants doivent quitter le ghetto par tous les moyens possibles : ils sortent du ghetto dans des ambulances, sous couvert d’atteinte de fièvre typhoïde, cachés dans des sacs de pommes de terre, des bébés sont cachés sous des manteaux ou même dans des cercueils. Irena Sendler a la charge douloureuse de convaincre les mères de se séparer de leurs enfants. Elle ne peut pas garantir aux mères inquiètes que leurs enfants survivront mais elle leur dit : ‘’je peux vous garantir qu’ici, ils vont certainement mourir.’’ Ensuite, il faut trouver de faux document d’identité et surtout un lieu d’accueil et cette étape est encore plus difficile que celle de les extraire du ghetto. Le risque de dénonciation, et donc de condamnation à mort, était énorme dans cette Pologne occupée par les nazis et de surcroît antisémite de longue tradition. Irena raconte qu’il fallait la complicité et l’action de 10 personnes pour sauver un seul enfant juif. Irena répertoriait méthodiquement sur un bout de papier les vraies coordonnées des enfants qu’elle sauvait du ghetto. Elle plaçait ces morceaux de papier dans des bouteilles qu’elle allait cacher sous un pommier dans son jardin, son jardin qui se trouvait en face de baraquements de soldats allemands. Ces bouteilles cachaient les noms de 2.500 enfants juifs. En octobre 1943, Irena Sendler est arrêtée par la Gestapo, sans doute suite à une dénonciation. Elle détenue pendant 3 mois, elle est torturée, et ne parle pas. Elle sera condamnée à mort mais la résistance va la sauver en corrompant un officier nazi . Ce nazi va prétexter un dernier interrogatoire avant son exécution et va lui permettre de se sauver . Sa fameuse liste, qu’on a appelé « la liste de Sendler », dont elle seule connaît la cachette est sauvée aussi. Irena, déclarée morte, reprendra ses activités sous une fausse identité et continuera à sauver des enfants. Après la guerre, Irena tentera de reconstituer les liens familiaux des enfants cachés de sa fameuse liste puis elle donnera cette liste au Comité des Juifs créé en Pologne. Environ 2000 enfants retrouveront les traces de leurs familles. En 1965, Irena Sendler est l’une des premières à recevoir le titre« Juste des Nations ». A l’époque, les autorités communistes polonaises ne lui permettent pas de se rendre en Israël pour recevoir son titre. En 1968, lors de la fameuse purge antisémite, elle sera dénoncée comme ‘sioniste’. Ce n’est que dans le courant des années 2000, qu’Irena Sendler a reçu honneur et reconnaissance en Pologne et dans le monde. En 2007, de grandes cérémonies ont été organisées pour son 97eme anniversaire. Elle disait qu’elle aurait pu faire plus et écrivait à cette occasion: ‘Plus d’un demi siècle est déjà passé depuis l’Holocauste mais son spectre plane toujours sur le monde. Nous devons construire la civilisation non pas de la mort mais de la vie. ‘’ Elle s’est éteinte un an plus tard, en 2008, à l’âge de 98 ans.. Elle a vécu selon les enseignements de son père, qui disait que les gens ne pouvaient être divisés qu’en deux catégories : les bons et les méchants ; leur race, religion ou nationalité n’avaient pas d’importance. Une respiration musicale qui évoque Yom Hazikaron avant de continuer
- de 58 sec à 1 min 57
- L’histoire du prochain Justes parmi les Nations que je vais évoquer à présent se passe encore à l’Est : de la Pologne d’Irina Sendler, nous passons en Bulgarie. La Bulgarie est le seul pays d’Europe, avec le Danemark, où les nazis n’ont pas réussi à déporter les Juifs. Aucun des 48.000 juifs de Bulgarie n’est mort parce qu’il était juif. La Bulgarie a adhéré au pacte tripartite Allemagne -Italie –Japon et le roi, Boris III, a dû confier le gouvernement du pays à un germanophile. Une loi « sur la défense de la nation » est votée qui assignent les Juifs à résidence, leur confisque (pour commencer) un quart de leurs biens. Un Commissariat spécial aux Questions juives leur impose un couvre-feu, réduit leurs rations alimentaires, organise le port de l’étoile jaune, limite leurs déplacements et leurs activités économiques. Ce Commissariat fixe, dans le plus grand secret, le jour du grand départ des 48.000 juifs bulgares. C’est en réalité un ordre de déportation immédiate qui est fixé le 24 mai 1943, c’est un jour de fête religieuse, donc supposé peu propice aux protestations éventuelles. Or, le secret est rapidement diffusé et, fait incroyable en Europe sous occupation nazie, le 24 mai 1943, une dizaine de milliers de personnes set rassemblent devant le palais royal en scandant « Nous voulons que les Juifs restent ». Des protestations s’élèvent dans tout le pays. Les dignitaires religieux orthodoxes, les métropolites, ne sont pas en reste, déclarant, entre autres :‘’Qui sème le vent, récolte la tempête. Sache Boris que des cieux, Dieu voit chacun de tes actes.’’ Un autre avertit qu’il accompagnerait avec la croix les juifs bulgares jusqu’aux camps et qu’il renoncerait à sa loyauté envers l’Etat bulgare si la déportation n’était pas suspendue. Les ministres hésitent, le roi hésite mais finissent par céder à la pression protestataire. Le miracle bulgare a pu se produire aussi grâce au vice-président du parlement bulgare, Dimitar Iossifov Peshev. Peshev a d’abord soutenu l’engagement de la Bulgarie auprès des Allemands, tout comme les mesures anti juives. A présent, l’ordre de déportation immédiate des juifs bulgares le révolte et il va persuader d’abord le ministre de l’intérieur d’annuler cet ordre de déportation, ensuite il va amener les 42 députés qui avaient signé les mesures anti juives à signer une pétition adressée au 1er Ministre et au Roi pour s’opposer à la déportation. L’ambassadeur allemand en Bulgarie écrit dans un rapport, en août 1943, qu’il est inutile pour l’instant d’insister sur la déportation, que le règlement de la question juive doit être remis à plus tard. Il ajoute que les Bulgares, après avoir été élevés avec les Arméniens, les Grecs, les Turcs, les Tsiganes, n’ont aucun problème pour vivre avec les Juifs, à tel point que rien ne justifie pour eux les mesures antijuives. Peshev, qui a fait le forcing, est démis de ses fonctions et les Allemands veulent sa tête. Peshev voulait au départ sauver ses amis Juifs mais sa ténacité va contribuer à sauver tous les Juifs de Bulgarie. Après la guerre, sous le régime communiste, Peshev est accusé de collaboration avec les Allemands, d’antisémitisme et d’anticommunisme et même de ‘’corruption par les Juifs en échange de l’arrêt de la déportation’’. Il risque la peine capitale. Mais une délégation juive vient plaider en sa faveur. Peshev sera condamné à 15 ans de prison mais sera libéré au bout d’un an. Il refuse de quitter la Bulgarie et demande sa réhabilitation. Ce n’est qu’en 1973 qu’il sera honoré du titre de Juste parmi les Nations. La Bulgarie a fini par reconnaître que Peshev a rendu un grand service à l’humanité et a salué la résistance civile du peuple bulgare qui a permis de sauver la communauté juive de Bulgarie. Le cas particulier de la Bulgarie démontre bien, et les historiens n’insistent jamais assez sur ce point crucial, que les nazis ont toujours tenu compte de la réactivité des populations qu’ils ont occupées pour imposer (ou pas ) leur politique raciste anti juive. Cette chronique consacrée aux Justes parmi les Nations continue juste après un hommage en musique aux soldats de Tsahal
- De 27 sec à 2 min 05
- Notre 3eme Juste parmi les Nations est un diplomate japonais en poste en Lituanie, à Kaunas, alors la capitale de la Lituanie. Il s’appelle Chiune Sugihara Entre septembre 1939 et juillet 1940, quelques milliers de juifs polonais parviennent à se réfugier la Lituanie. La Lituanie a pu rester indépendante jusqu’au 20 juillet 1940, date à laquelle le gouvernement pro soviétique mis en place « demande » son rattachement à l’URSS. Les consulats ferment les uns après les autres. Le matin du 27 juillet 1940, le consul du Japon à Kaunas, Chiune Sugihara découvre aux portes de son consulat une foule de Juifs qui veulent quitter la Lituanie. Mais toutes les sorties à partir de la Lituanie sont déjà bloquées, sauf celle vers l’URSS . Et pour entrer et traverser l’URSS, il faut un visa de transit et … pour obtenir un visa de transit, il faut un visa de destination. Quel pays veut alors accueillir des juifs ? Le diplomate japonais est touché par la situation désespérée des Juifs qui le sollicitent. Il est ému, mais, c’est un fonctionnaire légaliste. Il envoie 3 télégrammes au gouvernement japonais avec la mention ‘’Ultra urgent/ Top secret’’ pour demander l’autorisation de délivrer des visas vers le Japon. Et par 3 fois, la réponse est négative ; le Japon s’oppose et je cite : « au passage de nombreux étrangers pour des raisons de sécurité. Il n’est pas question de délivrer des visas à qui n’est pas en possession d’un visa assurant qu’il va quitter le Japon. Pas d’exception. ». Sugihara est donc en plein dilemme : pour sauver les Juifs , il faudrait désobéir. Il faudrait aussi trouver l’impossible, un pays qui pourrait accueillir les Juifs sans visa d’entrée. Sugihara va opportunément se rappeler que le consul des Pays-Bas, juste avant de quitter Kaunas, avait délivré des visas à des juifs pour se rendre à Curaçao dans les Antilles néerlandaises. Et Sugihara va donc délivrer des visas pour Curaçao, pendant 29 jours, sans relâche, du 31 juillet au 28 août 1940. Il ne dort plus, il travaille 10 heures par jour, avec l’aide de sa femme et d’un employé. Par manque de formulaires, il les rédige à la main et parvient parfois à délivrer 300 visas par jour. Le 2 août 1940, il reçoit l’ordre du Japon de quitter le consulat , il va braver cet ordre.Les autorités soviétiques le sommeront aussi de quitter le territoire. Mais jusqu’au 31 août , il continuera encore et encore, depuis son hôtel, à délivrer des visas,. Et même, le lendemain, dans son train, en partance de Kaunas, il parvient à jeter des laissez-passer par les fenêtres du wagon. Quand son train s’ébranlera, Sugihara dira encore « pardonnez-moi, je ne peux plus écrire. Je prie pour votre sécurité ». Le consul Sugihara a encore eu l’audace et la possibilité de pouvoir faire passer l’original du tampon japonais à la résistance polonaise. Un nom est inscrit sur ce tampon ‘ Itzhak Goldstein’ . Les autorités japonaises ont laissé passer les réfugiés munis du visa ‘Goldstein’, sans méfiance. Jusqu’à ce que un policier japonais s’étonne, un jour , de voir débarquer dans un petit port , plusieurs voyageurs du nom de Itzhak Goldstein. Au 20ème Itzah Golsdtein débarquant, le pot-aux-roses est découvert. Selon les témoignages, les réfugiés juifs ne rencontrèrent aucune hostilité au Japon. Sugihara estime qu’il a pu délivrer 2130 visas, permettant à environ 6000 personnes d’échapper à la traque nazie. Il rentrera au Japon en 1947 où il sera forcé de démissionner en raison de sa désobéissance. Ce n’est qu’en 1968 que l’un des rescapés de Kaunas retrouvera sa trace et il faudra attendre 1985 pour qu’Israël l’honore du titre de Juste parmi les Nations. Il n’avait jamais rien révélé de son action héroïque. Pourquoi un Japonais, qui n’a jamais connu ou vu un Juif dans sa vie a-t-il pu désobéir à ses supérieurs pour aider les Juifs ? Suhigara a répondu à cette question. Il dira : j’ai effectivement désobéi à mon gouvernement. Mais si je ne l’avais pas fait j’aurais désobéi à Dieu. Avant d’aller à la rencontre d’un Juste portugais, une nouvelle pause musicale spéciale Yom Hazikaron avec Shiri Maimon accompagnée d’enfants qui ont perdu leur père au combat
- DE 1min 29 sec à 3min 01
- Le Juste que je vais évoquer à présent s’appelle Aristides de Sousa Mendes Il est portugais, comme son nom l’indique, il est consul et il a sauvé 30.000 personnes dont 10.000 juifs. C’est un aristocrate, élevé dans une famille catholique, conservatrice et monarchiste, qui fait une brillante carrière diplomatique. Quand la guerre éclate , il vient de prendre un poste de consul à Bordeaux, suivi de sa femme et de ses 14 enfants,. Le Portugal est officiellement neutre mais son dictateur Salazar est favorable à Hitler . Très vite , arrive de Lisbonne la fameuse « circulaire 14 » qui ordonne à tous les consuls de refuser l’octroi de visas entres autres : aux apatrides, aux Juifs expulsés de leur pays d’origine, aux suspects d’activités politiques contre le nazisme. Bordeaux où le gouvernement français s'est réfugié voit l’arrivée en masse de milliers de réfugiés qui veulent échapper aux nazis. Le consulat portugais est pris d’assaut, il est véritablement assiégé. Le Portugal est une porte d’accès aux Etats-Unis, généralement. Sousa Mendes a offert l’hospitalité au rabbin anversois Jacob Kruger et à sa famille et le rabbin a plaidé pour que le consul aide tous les Juifs. Un des ses fils du consul raconte que son père a réfléchi, prostré pendant 3 jours. Puis, d’un coup, il s’est décidé à violer les ordres de Lisbonne . Il décide : ‘‘Je donnerai des visas à tout le monde, il n’y a plus de nationalité, de race, de religion. ‘’ Et à partir du 16 juin 1940, avec l’aide de deux de ses fils et du rabbin Krugger , il va, en quelques jours délivrer, des milliers de documents, signer des visas sur des formulaires, puis sur n’importe quel papier disponible, du moment que sa signature soit reconnaissable et visible. Au Portugal, Salazar le démet de ses fonctions et envoie des fonctionnaires pour le ramener de force au pays. Mais sur le chemin du retour, il continue à signer des visas à tous ceux qu’il croise et cela sous les yeux de ses gardiens, et dans le bureau même du vice-consul, qui n’en croit pas ses yeux. Il guidera même un groupe de réfugiés en Espagne. Rentré au Portugal, Salazar le démet de ses fonctions, le met à la retraite et réduit considérablement sa pension, lui interdit d’exercer son métier d’avocat, le prive de son permis de conduire. Il survit, lui et sa nombreuse famille, grâce à l’aide de la communauté juive de Lisbonne, qui aide même certains de ses enfants à faire leurs études aux Etats-Unis. Il mourra dans la misère la plus totale en 1954. Le Yad Vashem le reconnaîtra comme Juste parmi les Nations, à titre posthume, en 1966. Le pouvoir portugais ne rétablira la mémoire d’Aristides Sousa Mendes qu’en 1995 et sa famille recevra des excuses publiques. Sousa Mendes a écrit pour justifier ses actes qu’il a été guidé : seulement par le sens du devoir, qu’il a obéi à : des raisons d’humanité, en pleine connaissance de cause de ses responsabilités. VIRGULE Je terminerai cette chronique en Belgique, qui compte 1742 Justes parmi les Nations. En mai 1988, le 15 mai précisément, j’ai assisté à la distinction de 9 de ces Justes de Belgique par l'ambassadeur d'Israël de l’époque, Avi Primor. La cérémonie avait lieu dans le Luxembourg belge, à Jamoigne, dans la cour d’honneur de château du Faing pour remettre ce titre à la directrice pendant la guerre du Home Reine Elisabeth, Madame Tacquet et aux éducateurs de l’époque. Dans ce home, 87 enfants juifs ont été cachés et pris en charge. L’histoire de ce sauvetage est racontée dans le livre ''La patouille des enfants juifs'', écrit par Dominique Zachary. Ce jour-là, l'ambassadeur remettait parallèlement les Diplômes de la Reconnaissance du Fonds national juif aux 31 membres du personnel du home, dont l'engagement humanitaire dans le sauvetage de ces enfants a été entier. Quatre ans plus tard, en 1992, les sauveurs survivants et les anciens enfants cachés réuni en Amicale des Anciens inauguraient , à Jérusalem, les plaques portant les noms des Justes de Jamoigne. Et, à la faveur du silence du lieu, on a pu entendre, un de ces Justes, Jean-Marie Fox confier à un autre, André Buyle,: '' Tu te rends compte, nos petits- enfants trouveront ici, à Jérusalem , nos noms gravés dans le marbre ». Le dernier Juste qui a participé au sauvetage des 87 enfants juifs cachés à Jamoigne s’est éteint l’année passée, il s’appelait Jean-Marie Fox. Pendant l’office religieux, un de ces 87 enfants cachés, mon père, a déposé sur le cercueil, à la demande de la famille, un drapeau d’Israël aux côtés d’un drapeau belge. C’est avec émotion et l’espoir que la mémoire des actes de ces Justes inspireront l’attitude présente face aux dangers de tous les courants radicaux meurtriers, liberticides , antisémites et antisionistes que je termine cette chronique D’ici et D’ailleurs. Qui sera rediffusée demain de 16h30 à 17H On se quitte avec une chanson spéciale Yom Hazikaron, Million Kokhavim, un million d’étoiles, écrite par une adolescente en mémoire de son frère, un pilote d’avion israélien tombé au combat.. Notre prochain rdv, c’est mercredi prochain de 14h à 14h30 nouvelle chronique.
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