D'ICI ET D'AILLEURS Ep34
- Famille Camando
- Bonjour chers auditeurs, Je vous emmène aujourd’hui à la découverte de l’extraordinaire parcours de cinq générations de la famille Camondo , de Constantinople à Paris, des années 1830 à 1945. C’est l’histoire sociale, politique, économie, culturelle et religieuse d’une famille juive sépharade oubliée, mais qui fut des plus prestigieuses . Une famille de banquiers et d’amateurs d’art qui a donné en legs à la France des œuvres d’art d’une valeur inestimable. Une famille de philanthropes, qui s’est beaucoup investie au sein de la communauté juive ottomane. Comme ils admiraient des Lumières, ils ont voulu faire entrer les juifs de l’Empire dans la modernité par l’éducation. Cette famille, c’est la famille Camando, qu’on appelait aussi « Les Rothschild de l’Est », ce qui donne une indication de leur importance , de leur richesse et leur prestige. VIRGULE Les Camondo sont originaires d’Istanboul. Ils deviennent les banquiers des vizirs ottomans en 1839 quand ces derniers lancent de grandes réformes de l’administration et de l’armée ottomanes On ne connaît pas précisément les origines de la famille mais il est certain qu’elle est originaire d’Espagne et qu’elle en a été expulsée en 1492. On trouve des traces de la famille Camondo dans le ghetto de Venise, puis dans les environs de Constantinople (Ortaköy) en 1758. Un certain Haïm Camondo possédait un négoce en 1775 dans la capitale ottomane. Il semblerait que cette famille a rencontré des problèmes avec le pouvoir ottoman, et que sa nationalité austro-hongroise ne l’a pas suffisamment protégée pour ne pas avoir à fuir la capitale pour Chypre. Peu de temps après, on retrouve les Camando dans le port austro-hongrois de Trieste, et on trouve à la même période, à Vienne , la présence d’un Abraham Camondo, un des notables de la communauté turque de Vienne. La famille Camondo revient dans la capitale ottomane au début des années 1780. La fortune de la famille Camando augmentera considérablement grâce à Isaac Camando qui travaillera comme “saraf" ( càd comme changeur / prêteur). Et qui fondera sa propre banque. A sa mort, son frère ,Abraham Salomon, hérite de la banque fondée ,la banque Isaac Camondo & Cie. Abraham Salomon a largement diversifié les activités familiales. On le trouve à la tête de nombreux magasins , d’1 fabrique de briques et d’1 fabrique d’huile d’olive. Il édifiera l’une des plus grandes fortunes de l’Empire ottoman et ses petits-fils Abraham-Béhor et Nissim le seconderont, à partir des années 1850. Les Camando participent activement au développement économique et urbain de la Turquie : ils participent avec des financiers grecs orthodoxes à la création de la Société générale de l’Empire ottoman (1864) et à la société des Tramways de Constantinople (1870) avec ces banquiers et la banque impériale ottomane/ Les Camando ont reçu du sultan Abdul Aziz l’autorisation de posséder des biens immobiliers, ce qui était exceptionnel pour des étrangers (Je rappelle que les Camondo sont de nationalité austro-hongroise). Après avoir largement financé la guerre de Crimée (1853 – 1855), Abraham Salomon Camondo se voit décoré de l’Ordre de l’İftihar, par le sultan Abdul Hamit II. Pour illustrer la position de la famille Camando dans l’empire ottoman, on peut mentionner qu’en 1854, la communauté austro-hongroise de l’empire ottoman désigne Abraham-Salomon Camondo pour la représenter au mariage de l’empereur François-Josef d’Autriche et Elisabeth de Wittelsbach, dite Sissi. Proche également du grand vizir Fuat Pacha, Abraham Salomon Camondo avait une influence certaine dans la politique impériale. Il pouvait aussi intervenir en faveur des communautés juives menacées, surtout à l’extérieur de l’Empire (Serbie, Grèce). Abraham Salomon est aussi un grand philanthrope, il fait des dons aux pauvres de toutes confessions, il finance la construction bon nombre de synagogues, d’écoles, d’orphelinats et d’hôpitaux. Abraham Salomon est resté très attaché à l’Italie, la terre d’asile de sa famille à la fin du XVIIIe siècle, alors il soutient financièrement Victor Emmanuel II dans son œuvre de réunification. Touché par sa générosité, le roi l’anoblit en 1867 en lui donnant un titre de comte. Son fils cadet Nissim sera anoblit en 1870. Abraham Salomon abandonne sa nationalité autrichienne pour adopter avec toute sa famille la nationalité italienne. Les Camando sont des intermédiaires influents entre la « Sublime Porte » et l’Occident, ils deviennent aussi les porte-paroles des communautés juives de l’Empire ottoman. En 1862, les Camando ont envie d’élargir leur rayon d’action. Ils se posent en leaders du mouvement des intellectuels progressistes juifs, et fondent la Communità israelitico-italiana di Istanbul ( la communauté israélite italienne d’Istanbul), qui associe aux juifs italiens les « Francos » ( terme qui désignait les juifs anglais, autrichiens ou français installés à Istanbul) avec les israélites italiens. Cette communauté a été fondée à Péra-Galata, une ancienne colonie génoise. Les Camando sont des philanthropes et des admirateurs des Lumières. Ils ont la volonté de faire entrer les juifs de l’Empire dans la modernité, le moyen pour eux d’y parvenir, c’est de dispenser une éducation laïque et d’enseigner des matières profanes en français et en turc. Seuls l’hébreu et le judéo-espagnol y étaient enseignés, ce qui était un réel obstacle pour l’avancement des juifs dans l’administration (de langue turque) ou le commerce (de langue française). Ils veulent aussi susciter « une conscience citoyenne » et s’inspirent de leurs homologues occidentaux, les Rothschild et Moses Montefiore. Dans les années 1860, la famille Camondo doit affronter une vive opposition à ces réformes de la communauté séfarade conservatrice . La communauté vivait une véritable crise qui est allée jusqu’à l’emprisonnement d’un rabbin qui avait lancé un décret d’excommunication de la famille Camondo coupable à ses yeux d’encourager le prosélytisme chrétien, par le biais de la langue française. Un groupe d’intellectuels progressistes juifs originaires de Livourne, appelé les Franco, luttait également contre les conservateurs. Abraham Bohor Camondo devient chef de file de ce mouvement. Une première pause musicale et nous continuons avec la dysnastie des « Rothschild de l’Est »
- https://www.youtube.com/watch?v=odfWhNVYBko Commencer à 13 sec Jusqu’à 1 min 58
- Les Camando vont réussir à réformer les institutions de la communauté juive ottomane et à introduire le français et du turc dans les écoles juives d’Istanbul mais ils se heurtent toujours face à l’ hostilité de la frange conservatrice de la communauté séfarade. Alors, en 1869, les frères Abraham Bohor et Nissim décident d’installer la famille à Paris, tout en maintenant le siège de leur banque à Galata A Paris, la famille va participer largement à la vie économique française et internationale. Les petits-fils d’Abraham-Salomon, Abraham-Behor et Nissim deviennent les banquiers de l’impératrice Eugénie . Ils co-financeront le canal de Suez, s'associeront aux frères Pereire et aux Erlanger et administreront des entreprises et des banques aussi prestigieuses que la Banque de Paris et des Pays-Bas, le Crédit Immobilier d’Espagne , la Banque Franco-tunisienne Les 2 frères ont une préoccupation majeure : celle de s’intégrer à la haute société parisienne , tout en gardant des liens étroits avec la Turquie. Cette volonté trouve son aboutissement lorsqu’ils sont décorés en 1882 de la légion d’honneur, à cette occasion, Abraham-Behor pose officiellement devant le peintre Bonnat. Leur silhouette est devenue familière à la Bourse et on croise souvent l’élégant et mondain Nissim à l’Opéra, aux courses, dans les stations thermales à la mode, ce qui ne manque pas d’attirer sur lui l’attention des auteurs antisémites particulièrement virulents à l’époque. En 1872, Abraham-Béhor et Nissim Camondo achètent aux frères Pereire un terrain au 61 et un hôtel particulier au 63 rue de Monceau, et prévoient l’aménagement splendide « de leurs futures demeures dans ce nouveau quartier des élites de la capitale. Ils s’immergent très vite dans la vie mondaine parisienne. Selon leurs humeurs et les modes, ils collectionnent des œuvres d’art de divers styles, goûts et époques. Cette demeure est devenue un musée en 1936, c’est le musée Nissim de Camando. En 1873, Abraham-Salomon meurt à Paris et, selon ses vœux, il est enterré dans le cimetière juif de Hasköy à Constantinople, le 14 avril. Son prestige était tel que le gouvernement ottoman lui a organisé des « funérailles officielles, dignes d’un homme d’État/ Pachas, vizirs, imams, prêtres et toute la population d’Istanbul se rendent au cimetière juif de Hasköy. Les frères Camando ont accédé à la présidence de la Compagnie des Gaz de France, de la Compagnie des Chemins de fer andalous, de la Compagnie des ciments de Portland. Abraham- Behor est nommé consul général de Turquie à Paris en 1891. Peut-être cette fonction consulaire explique-t-elle leur silence lors de l’affaire Dreyfus. Les frères Camando sont très internationalistes , ils restent très proches de la Turquie, ils ont adopté Paris avec enthousiasme, et ils revendiquent en même temps la charge de représenter les intérêts de l’Italie. Nissim prend la présidence de la Société de Bienfaisance Italienne de Paris. Mais leur fonction la plus marquante consistera à présider le comité italien à Paris lors de l’Exposition Universelle de 1889. Les arrière-petits-fils d’Abraham-Salomon, Isaac et Moïse de Camondo, qui sont cousins, vont se désengager progressivement des affaires communautaires et sociales, ils vont s’éloigner de la tradition familiale et du judaïsme. Ils vont plutôt privilégier leur goût pour les arts et devenir des collectionneurs et des mécènes de la culture française. Pour eux, collectionner dépasse le « désir d’acculturation » et constitue un geste artistique. En 1881, Isaac de Camondo est le plus important acquéreur de mobilier XVIIIe siècle. Exigeants, connaisseurs, admirés et respectés par les experts, les Camondo ont contribué à la conservation et à l’enrichissement du patrimoine culturel de la France en léguant leurs collections à l’État, via le musée du Louvre et les Arts décoratifs. On peut lire dans les publications relatives à l’art que leurs collections ont « simultanément glorifié la splendeur de l’Ancien Régime et encouragé les nouvelles formes artistiques, contribuant à définir ce qui a été le terreau des références culturelles de la Troisième à la Cinquième Républiques : le culte conjoint du classicisme et de l’audace innovatrice ». VIRGULE Faisons un rapide bilan de la situation de la famille Camando à la fin du XIXe siècle, la famille Camondo a fait prospérer les affaires en France et ailleurs. Les Camondo sont à la tête de compagnies internationales, comme Paribas, les Ciments Portland, la Banque Impériale Ottomane, les Raffineries d’Egypte, la Société du Naphte de Bakou, la Compagnie des Eaux de Constantinople, les Chemins de fer portugais, le Crédit franco-canadien et bien d’autres encore. Mais les Camondo restent la proie des antisémites, notamment sous la plume d’Edouard Drumont ou sous celle d’Auguste Chirac. Pourtant en 1894, alors que les choses paraissent si incertaines dans leur pays d’adoption à la vieille de l’Affaire Dreyfus, ceux que les Parisiens appellent les “Comtes des mille et une nuits” transfèreront le siège de leur banque de Constantinople à Paris. Le siège à Istanbul devenu succursale fermera ses portes, après la première guerre mondiale.
- https://www.youtube.com/watch?v=MnRqgF028es Commencer à 58 sec jusqu’à 2 min38
- Dans le parcours extraordinaire de la famille Camando, des banquiers et philanthropes, réformateurs, originaires d’Istanbul, voyons à présent leur apport au patrimoine culturel de la France. Je vous disais avant la pause musicale que les descendants des fondateurs de la banque ont été des collectionneurs avertis et passionnés et ont légué leurs œuvres à l’Etat français. Isaac de Camondo, le fils d’Abraham-Behor, place l’art au centre de sa vie. Il est compositeur de musique, il participe activement à la vie des grandes institutions musicales de la capitale, dont les conseils d’administration de l’Opéra de Paris et de l’Opéra-comique. Très ami du musicien Gabriel Astruc, Isaac l’aide à fonder en 1904 la Société musicale qui organise les concerts les plus réussis de la Grande Saison Musicale de Paris. Isaac et son cousin Moïse aident ensuite Astruc à financer la construction du Théâtre des Champs-Élysées. En 1893, Isaac de Camondo emménage rue Glück, près de l’Opéra Garnier dont il devient un commanditaire. Isaac n’a pas d’ héritier légitime ;Il a bien deux fils naturels mais qu’il ne reconnaîtra pas . Dès 1897, iI décide de léguer ses extraordinaires collections artistiques au musée du Louvre qui conserve 159 de ses tableaux. Il innove en faisant ces donations parce qu’il les fait sous réserve d’usufruit, et qu’il permet l’entrée d’œuvres d’artistes vivants dans les collections du musée du Louvre. A sa mort, en 1911, il lègue ses collections au musée du Louvre à condition que l’ensemble soit exposé pendant cinquante ans dans une suite de salles portant son nom. Le musée inaugure en 1914 les salles Camondo . Dans les œuvres léguées, il y a notamment une centaine de peintures, pastels et dessins impressionnistes, il lègue des Degas, des Manet, des Cézanne, 418 estampes japonaises, des faïences et du mobilier du 17eme siècle, des sculptures du MA. Après la seconde guerre mondiale, les cinquante ans étant presque écoulés, les œuvres données par Isaac sont alors exposées dans différents départements du Louvre : aux Objets d’Art où une salle porte toujours son nom, au musée Guimet, au Jeu de Paume puis maintenant au musée d’Orsay, ainsi qu’au château de Versailles et au musée de la Marine. VIRGULE Un autre passionné d’art dans la famille Camando est le cousin de Isaac, Moïse de Camando . Il a fait raser et reconstruire un hôtel particulier au 63 avenue Monceau, là où la famille s’était installée en 1872 et c’est là qu’il installe sa collection exceptionnelle d’objets et de meubles du XVIIIe siècle, spécialement les dernières décennies du siècle des Lumières, peu prisée au XIXe siècle. Moïse de Camondo matérialise, avec rigueur et passion, sa vision idéale du règne de Louis XVI, dernier souverain de l’Ancien Régime. Il érige l’acte de collectionner au rang de quasi- œuvre d’art . Il dit « J’ai composé ma collection comme on compose un opéra » . Ce qu’on nommera le « goût Camondo » devient une référence incontestée dans le domaine des arts décoratifs. En 1924, Moïse Camondo lègue sa demeure aux Arts décoratifs pour qu’elle soit un musée, qui porte le nom de son fils Nissim, qui est mort pour la France en 1917. Le jeune Nissim était un véritable patriote , qui a devancé l’ordre de mobilisation et s’est engagé comme aviateur . Le musée Nissim de Camando a été inauguré en 1936. Moise de Camondo meurt peu de temps avant la Deuxième Guerre mondiale en léguant son hôtel particulier près du parc Monceau et tout son mobilier, à l’Etat français en 1935. Il en confie la gestion à l’Union Centrale des Arts Décoratifs (devenu en 2004 Les Arts Décoratifs) dont il était le vice-président depuis 1930. Sa seule héritière , c’est sa fille Béatrice . Son fils Nissim est mort au combat en 1917 et il a divorcé de sa femme , Irène Cahen D’Anvers . Voilà la grande famille Camando bien réduite en cette première moitié du 20 eme siècle . Béatrice de Camondo épouse Léon Reinach et a deux enfants : Fanny en 1920 et Bertrand en 1923. Il ne reste que 4héritiers de la fortune familiale bâtie depuis le 18eme siècle. Et à la veille de la 2eme Guerre Mondiale, est-ce que la famille juive devenue frnaçaise se sent protégée par son statut et son apport à la France ? Pense-t-elle que les discriminations anti-juives du régime de Vichy sont temporaires et que leurs amis haut placés les protégeront ? La réponse est non, vous l’imaginez bien . Les Camando sont fichés comme juifs et ils subiront l’aryanisation de ses biens En août 1941, le mari de Béatrice Camando, Léon Reinach, demande au directeur des Musées nationaux d’empêcher la spoliation de ses collections et de celles de sa femme. Sa requête est rejetée par Xavier Vallat, commissaire aux questions juives. En 1942, Béatrice de Camondo se convertit au catholicisme et divorce. Elle est arrêtée avec sa fille Fanny et internée au camp de Drancy (5 décembre). Léon Reinach et leur fils Bertrand né en 1923 sont arrêtés dans l’Ariège alors qu’ils s’efforcent de rejoindre l’Espagne (12 décembre). En 1943, Léon et son fils Bertrand Reinach arrivent à Drancy. La demande de Georges Duhamel visant à la libération de Léon Reinach est rejetée en avril 1943. Le 17 novembre1943, 1200 personnes, dont Léon et ses enfants Bertrand et Fanny Reinach, sont déportées à Auschwitz par le convoi 62. Fanny est assassinée le 31 décembre 1943 à l’âge de 23 ans. Le 7 mars 1944, 1501 personnes, dont Béatrice de Camondo, sont déportées par le convoi 69 et arrivent à Auschwitz le 10 mars. Internés aux camps de Birkenau et de Monowitz, Bertrand et Léon meurent respectivement les 22 mars et 12 mai 1944. La dernière des Camondo, Béatrice, meurt à Auschwitz vers le 4 janvier 1945 à l’âge de 50 ans. La mère de Béatrice, l’ex-épouse de Moise de Camondo, Irène s’était convertie au catholicisme et était devenue comtesse de Sampieri. Elle échappa aux nazis.C’est elle qui a récupérer la fortune des Camondo après la guerre. Qu’a –t-elle fait de cette fortune, rien ,elle l’a dilapidée. Elle est morte en 1963. De la famille Camando, il n’est resté que les deux enfants illégitimes d’Isaac de Camondo mais on a perdu toutes traces d’eux.
- https://www.youtube.com/watch?v=QQcj4A_DlbA commencer à 1 min 28 jusqu’à 3 min 08
- La famille Camondo, comme tant de familles juives ottomanes, avait cru trouver le progrès et la prospérité, en émigrant en Europe occidentale. En réalité, elle n’ y a trouvé que désolation, barbarie et, finalement l’extinction Les Camando pensaient aussi en 1869, qu’ils arrivaient dans une France avant-gardiste avec une communauté juive progressiste. La communauté juive était en effet bien plus progressiste que celle de la capitale de l’Empire ottoman, surtout pour s’ouvrir aux influences qu’elle pouvait avoir dans l’économie et dans le gouvernement. Ce qui allait être un changement radical pour les Camondo, c’était l’antisémitisme ouvert des Français. Dès leur arrivée et jusqu’à leur fin, les Camondo ont eu à subir les critiques antisémites dans les journaux et dans leurs cercles sociaux. La donation à l’Etat français de la collection Isaac de Camondo en 1911, le sacrifice pour l’armée française de Nissim, fils de Moise et premier Camondo de nationalité française, la donation de la fabuleuse collection Moise de Camondo à l’Etat en 1935, n’y changeront strictement rien. Pour les Français, les Camondo restaient des juifs du Levant. Si on les comparait à la fameuse famille Rothschild, c’était bien pour la qualifier de Rothschild du Levant. Il reste de cette illustre famille les œuvres d’art qu’elle a léguées à la France et le Musée Nissim de Camando, au 63 rue de Monceau à Paris. Ne manquez pas de le visiter lors de votre prochain séjour à Paris . Le Comte Moise de Camando, en 1924, a rédigé dans son testament des conditions très précises notamment liées à l’organisation du futur musée". Il impose que : je cite « […] L’aménagement intérieur de l’Hôtel devra être maintenu tel qu’il sera à mon décès, c’est-à-dire qu’aucun meuble ou objet d’Art ne devra être déplacé sauf certains sièges ou petites tables qui pourraient gêner la circulation du public mais qui devront rester dans la même pièce. Il faudra, autant que possible, éviter la pose de mains courantes, comme cela se pratique actuellement dans les Musées Nationaux, afin de permettre aux visiteurs de voir les objets plus à leur aise et aussi de ne pas détruire l’harmonie actuelle de l’Hôtel. […] J’entends que le portrait de mon Père par Carolus Duran et les diverses photographies de mon fils qui se trouvent posées ou accrochées dans diverses pièces de l’hôtel restent toujours à leurs places actuelles.» Chers auditeurs, c’est ici que se termine la Chronique D’ici et d’ailleurs consacrée à la famille Camando. Elle sera rediffusée demain de 16h30 à 17h. Et je vous donne rdv mercredi prochain de 14h à 14h 30 pour une nouvelle chronique du monde juif et des juifs dans le monde .
- https://www.youtube.com/watch?v=6RJMhYtYKMQ