D'ici et d'ailleurs
- la Guerre des Six jours
- Bonjour chers auditeurs, Nous faisons aujourd’hui un retour de 52 ans dans l’histoire d’Israël. Nous retournons en 1967, et plus exactement le 5 juin 1967 quand la Guerre des Six jours éclate. Le 5 juin 1967 est le point culminant de 10 ans d’escalade progressive de tensions entre Israël et les Etats arabes et particulièrement l’Egypte, à l’époque était l’Etat le plus puissant et le plus craint dans le monde arabe. En juin 1956, Gamal Nasser bloque le canal de Suez ce qui a pour effet de bloquer le seul port israélien qui a accès à la Mer Rouge. Israël réplique et lance une campagne militaire de 4 jours au cours de laquelle le Sinaï est conquis. Mais l’Onu négocie une trêve : Israël se retire du Sinaï et l’ONU installe des casques bleus dans une zone tampon séparant les deux belligérants . Nasser , de son côté, présente aux Egyptiens ce retrait négocié comme une victoire et rejette la trêve de l’Onu. Dans un contexte international, ces années sont les années de guerre froide et de lutte d’influence par conflits interposés entre l’Union soviétique et les Etats-Unis. En 1960, l’Urss s’efforce d’imposer son influence au Moyen Orient et veut redorer son image après l’affaire des missiles de Cuba. L’Urss fournit des armements sophistiqués à l’Egypte, des chars T54 et les avions les plus performants de l’époque, des MIG 21. Ces MIG 21 de fabrication soviétique sont la plus grande menace pour Israël. Même le Pentagone reconnaît la supériorité de ces avions. Pour tester la réaction de l’Egypte et son potentiel, Israël provoque régulièrement des escarmouches mineures à la frontière égyptienne En 1964, un conflit entre Israël et ses voisins arabes surgit à propos des ressources en eau. Israël a construit une canalisation pour amener de l’eau en Galilée et dans le Néguev en développement. En 1965, les Etats arabes s’unissent pour dévier l’eau. Israël prend des mesures de rétorsion, auxquelles les Arabes répliquent en utilisant un nouveau type d’arme : le terrorisme. Les Syriens vont utiliser les Palestiniens en créant une aile militaire au sein de l’OLP : le Fatah, un mouvement de guérilla terroriste. Le Fatah mitraille régulièrement les villages agricoles israéliens en contrebas de la vallée du Jourdain. Israël riposte en bombardant les batteries d’artillerie En 1967, la tension augmente d’un cran, quand des terroristes infiltrés sabotent des installations israéliennes dans le Nord du pays. Israël réplique et abat 6 avions MIG. Dans ce contexte, il faut souligner l’importance et les succès de l’activité des services de renseignements israéliens. Israël exploite sa ressource la plus efficace : l’intelligence humaine, qui sera prépondérante dans la victoire de la Guerre des Six Jours. Au milieu des années 60, Israël a pleinement réussi son infiltration d’espions au MO, tandis que les pays arabes n’arrivent pas à recruter des agents en Israël. On se rappellera de l’agent secret Elie Cohen, qui était bien placés dans les hautes sphères syriennes. Cohen visitait régulièrement le Golan et pouvait y voir les unités et formations syriennes. Avant d’être arrêté et exécuté, en 1965, il a réussi à faire parvenir à en Israël un panorama complet des dispositifs militaires syriens. Comme je vous le disais un peu plus tôt, les avions militaires fournis par les soviétiques, les MIG 21, étaient une vraie menace dans le ciel militaire. Aucun Occidental n’avait jamais eu l’occasion d’étudier un tel engin. Alors Israël va activer toutes ses antennes pour récupérer un Mig 21 et l’amener en Israël. Le Mossad va parvenir à persuader un pilote irakien de faire défection, c’est un chrétien mécontent et qui se sent menacé du fait de sa religion. Il demande, en échange, la protection pour lui et sa famille, plus …1 million de dollars. Et le 16 août 1966, il se pose en Israël. Les Israéliens vont faire des centaines d’heures de manœuvres avec ce MIG pour en connaître les points faibles, pour former les pilotes israéliens à l’attaquer et pour que les pilotes puissent l’identifier sous tous les angles. Revenons à l’année 1967, nous sommes en pleine guerre froide, les Etats-Unis sont empêtrés dans la guerre du Vietnam et les Soviétiques veulent profiter de la situation pour tenter d’ouvrir au MO un second front d’opposition aux Américains. Il faut ajouter que les Soviétiques s’inquiètent aussi de l’augmentation de la fréquence des hostilités entre Israël et ses voisins. L’URSS considère qu’elle doit intervenir et doit trouver un moyen de le faire. Le KGB répand alors le bruit qu’Israël mobilise des forces à la frontière syrienne dans l’intention de lancer une attaque. Nasser envoie à Moscou Hanouar el Sadate, alors président du Parlement égyptien, qui revient en Egypte convaincu que les Israéliens sont prêts à l’attaque. Israël a beau démentir, personne n’y croit. Même l’ambassadeur d’URSS en Israël croit à la rumeur du KGB. Le gouvernement israélien l’a bien convié à constater par lui-même , sur place, que les troupes israéliennes ne sont pas postées à la frontière syrienne, mais NIET, il refuse de se déplacer . Les Etats arabes sont profondément divisés mais leur détestation de l’Etat juif, qu’ils ont refusé de reconnaître en 1948, les réunit. D’ailleurs, les dirigeants arabes se disent mais que pèsent 2,5 millions de Juifs contre 100 millions d’Arabes ? Ils considèrent qu’Israël n’est qu’une faible marionnette au service de l’Occident. Dans l’issue du conflit qui s’allume, les dirigeants arabes ont pêché par excès de confiance et ont été desservis par la faiblesse de leurs services secrets. Quant aux Soviétiques qui ont joué à l’apprenti sorcier, leur scénario ne prévoyait pas que l’escalade irait jusqu’à la guerre . Je vous propose une pause musicale, et on se retrouve après Serge Gainsbourg, Le sable et le soldat. Musique 1 :
- https://www.youtube.com/watch?v=JKAlhsZTtzM 1MIN 43
- En 1966, la pression monte dangereusement au Moyen Orient à cause d’une manœuvre d’intox du KGB qui a répandu la rumeur qu’Israel mobilisait des forces à la frontière syrienne avec l’intention de lancer une attaque. Les dirigeants arabes se disent que le petit Etat hébreu ne pèse pas lourd en face d’eux. Mais en réalité, aucun Etat dans le monde arabe n’était prêt à faire la guerre. Cependant, Nasser joue à fond le jeu des Soviétiques, d’autant qu’il n’a jamais accepté la démilitarisation du Sinaï. Si Nasser ne veut pas vraiment la guerre, il voit là une occasion de faire une démonstration de force vis-à-vis des Etats arabes. L’escalade vers le conflit armé commence en mars 1967 quand Nasser masse ses troupes dans le Sinaï et demande aux 3400 casques bleus de l’Onu à s’en aller, rompant ainsi les accords d’armistice qu’il avait signés après la campagne de Suez . Remarquons que le secrétaire général de l’Onu de l’époque U Than accepte sans discuter ni demander de délai le départ des casque bleus. Est-ce qu’il aurait donc lui aussi succombé au charisme de Nasser qui apparaissait comme le héros du monde arabe pour commettre une telle faute ? Nasser vient de rompre les accords d’armistice, il ne peut plus faire marche arrière, d’une part parce que le monde arabe le soutient mais de plus, il poursuit là un plan personnel. Il veut profiter de ce conflit latent pour s’imposer dans un monde arabe, qui, tout en reconnaissant l’utilité de constituer un empire arabe, n’est pas prêt pour autant à accepter son autorité, ni ses méthodes . Pendant ce temps, en Israël, le 1er ministre, Levy Eshkol, mobilise ses réservistes mais n’agit pas. Le 22 mai 1967, l’Egypte franchit un pas supplémentaire et interdit aux bateaux israéliens le détroit de Tiran, à l’extrémité du Sinaï, bloquant, comme en 1956, tout transport maritime pour Israël. Levy Eshkol n’agit toujours pas, il veut absolument éviter le conflit,il cherche une solution diplomatique. Il est en désaccord avec son état- major, et avec son chef, Itzhak Rabin. Pour Rabin, il est temps de faire la la guerre. Les Israéliens sont inquiets, ils se cherchent un homme fort. Cet homme, ce sera le général Moshe Dayan, nommé ministre de la défense le 1er juin 1967. Levy Eshkol envoie Abba Ebban, le ministre des Affaires étrangères, à New York pour tenter de trouver une solution diplomatique. L’Egypte se voit sommée de trouver un compromis Mais face à l’inaction d’Israël, Nasser s’imagine que le petit Etat hébreu est trop faible pour réagir et ne cède pas à la pression internationale . Le Psdt américain, Lindon Johnson, propose d’envoyer un corps expéditionnaire rouvrir la canal de Tiran et enjoint à Levy Eshkol de retarder l’offensive. 7O navires, américains et britanniques entrent en Méditerranée, dans un climat qui s’alourdit. Deux mois avant le déclenchement des combats, le roi Hussein de Jordanie s’était engagé, à contrecœur, dans un pacte de défense avec l’Egypte et voilà à présent que l’armée égyptienne prend le commandement de l’armée jordanienne. La Syrie étant aussi engagée dans un pacte avec l’Egypte, la guerre sera donc ouverte sur 3 frontières. Les forces arabes ont évidemment l’avantage du nombre mais cet avantage était déforcé parce que leurs méthodes d’entraînement et de fonctionnement n’étaient pas du tout identiques et qu’elles n’avaient pas eu le temps matériel de se coordonner. Mais ces dysfonctionnements, le manque de coordination et d’informations sur l’état des forces israéliennes sont totalement occultés par les appels à la destruction d’Israël que clament les populations arabes. Israël s’abstient encore d’agir pas s’active sur le plan diplomatique en s’assurant que les Etats-Unis n’interviendront pas. Israël ne veut aucune intervention extérieure, ni des Américains, ni des Russes. Les Américains donnèrent leur assentiment silencieux à une intervention israélienne au cas où l’Egypte ne levait pas ses troupes dans le Sinai et ne débloquait pas le détroit. VIRGULE Le 4 juin 1967, Israël dispose de 264.000 soldats pour affronter les quelques 540 mille hommes des armées arabes. Pour ce qui est de l’armement lourd et de l’aviation, le rapport est défavorable à Israël dans un rapport de 3 contre 1. De plus, le président français, De Gaulle, a retiré son soutien à Israël en déclarant l’embargo militaire. Et pourtant, quand Israël attaque le 5 juin , tôt le matin, c’est un plan peaufiné depuis longtemps qui se met en route. L’objectif, ce matin-là, est de bombarder, au même moment, toute l’aviation ennemie, les pistes et les avions un par un . L’opération « Chiffon rouge », Sadir Adon, commence avec 180 avions qui décollent, c’est pratiquement tout l’effectif israélien, qui en compte 192, et survolent la Méditerranée à basse altitude, pour éviter le repérage des radars. Ils atteignent les premières bases militaires égyptiennes à 7h45 du matin. La grande interrogation était celle du bénéfice de la surprise, qui était une condition de réussite. Si la surprise était totale, les Israéliens avaient tablé sur un temps de réaction de 30 minutes. Les Egyptiens réagiront 6 heures plus tard. Un espion israélien avait pu déterminer que l’aviation égyptienne était la plus vulnérable entre 7h30 et 8h du matin. A 7h45, la 1ere patrouille égyptienne, partie à l’aube, vient d’atterrir. Traditionnellement, on pensait que les premières lueurs de l’aube étaient les plus propices à une attaque. Mais les patrouilleurs égyptiens n’ont rien vu, pas une sirène d’alarme n’ a retenti quand les Mirages israéliens bombardent les avions au sol. En 3 heures seulement, l’Egypte perd 280 de ses 340 avions. 90% de sa flotte aérienne va être détruite au sol. Les avions israéliens font de même avec les pistes et les avions syriens et jordaniens. Le 5 juin, à 14H 30, Israël a conquis la maîtrise du ciel. Et sans soutien aérien, les forces arabes sont bien évidemment considérablement amoindries. Une nouvelle pause musicale, sur le thème revisité de Am Israel Hai, restez à l’écoute de RadioJudaica et de la Chronique D’Ici et D’ailleurs qui vous raconte la Guerre des Six Jours.
- MUSIQUE 2 : https://www.youtube.com/watch?v=pmm4-axZTw4 Commencer à 1 min jusqu’à 3 min 05
- Le 5 juin 1967, 30 minutes après le déclenchement de l’offensive aérienne israélienne qui détruit au sol 90% de l’aviation égyptienne, 3 colonnes de chars israéliens entrent dans le désert du Sinaï. Israël avait obtenu tous les renseignements nécessaires sur les troupes égyptiennes, leur localisation, leur mouvement, les obstacles placés pour contrer une avancée. Là encore, les services de renseignements, avait été performants. 1000 chars sont engagés dans la bataille. Vous imaginez l’ampleur de la bataille. L’aviation des armées arabes est détruite en moins d’une journée, très rapidement les lignes de front égyptiennes dans le Sinaï reculent. Par voie diplomatique, Israël fait savoir à Hussein de Jordanie que si son armée n’attaque pas, Israël non plus n’attaquera pas . On est en milieu de matinée. Mais l’Egypte a déjà ordonné à Hussein de mener une offensive sur Jérusalem. Il a fallu, je vous le rappelle, 6h pour que les forces ennemies comprennent l’ampleur des dégâts et réagissent. Quand les Israéliens entrent dans le Sinaï, il semble que Nasser n’a pas encore connaissance de la destruction de sa force aérienne. Israël avance et paradoxalement, c’est la liesse dans les rues des capitales arabes, la population. En effet, les seules informations que les populations arabes reçoivent passent par Radio Le Caire, qui reçoit ses informations de l’état –major égyptien, et qui n’annonce que des victoires écrasantes des armées arabes. A Damas, le président syrien annonce que le lendemain, il ira prendre son petit déjeuner à Tel Aviv. Les arabes de Jérusalem Est sont en liesse aussi . Précisons aussi qu’Israël est parvenu à brouiller les communications des armées arabes. ET, à Tel Aviv, que se passe-t-il ? En Israël, Dayan ordonne le silence intégral sur l’action des soldats de Tsahal. Il craint une réaction internationale immédiate qui imposerait un cessez-le-feu. Le front est ouvert dans le désert du Sinai, et un deuxième front de combat s’ouvre, comme je viens de vous le dire, au Sud de Jérusalem, avec l’attaque jordanienne. Les Jordaniens ont pour mission de bombarder la partie israélienne de Jérusalem. Ils prennent le contrôle d’un endroit stratégique dans la ville, le quartier général de l’ONU, quartier général démilitarisé. Les combats sont violents. Hussein demande l’appui de l’aviation égyptienne alors que Nasser ne sait même pas encore que son aviation était détruite. La rapidité d’une contre attaque israélienne est essentielle. Dayan ne veut pas disperser ses forces concentrées dans le Sinaï. Heureusement, l’avancée et les victoires dans le désert permettent rapidement de dégager des troupes pour les combats à Jérusalem. Au troisième jour de combats violents et sanglants, tant pour les Israéliens que pour les Jordaniens, Tsahal conquiert la ville de Jérusalem et entre dans la Vieille Ville par la par la Porte des Lions, proche du quartier musulman ; après 10 minutes de tirs d’artillerie, les parachutistes israéliens avancent en longeant les murs. Il est 10 heures quand Motta Gur annonce à la radio : « la montagne du Temple est entre nos mains ». Moshé Dayan et Itzhak Rabin entrent dans la Vieille Ville ; Moshe Dayan, même s’il n’est pas croyant, va déposer un petit papier entre les pierres du Mur, sur lequel il a écrit : « Que la paix règne sur Israël ». Dayan prend ensuite le gouvernement de vitesse et il déclare : « Ce matin, l’armée de défense d’Israël a libéré Jérusalem. Nous avons ressoudé les morceaux de cette Jérusalem coupée en deux et divisée. Nous sommes de retour dans les plus saints de nos lieux, nous sommes revenus pour ne plus jamais nous en séparer ». Voilà que Dayan a mis le gouvernement devant un fait accompli. Pour la première fois depuis 2000 ans, Jérusalem est entièrement sous le contrôle des Juifs. Virgule Dans la soirée du 7 juin, Israël et la Jordanie acceptent un cessez- le –feu des Nations Unies. La bataille de Jérusalem change le caractère de la guerre du Sinaï. Il s’agissait de stratégie militaire le 5 juin, mais , 2 jours plus tard, une dimension religieuse vient renforcer le nationalisme israélien. Les parachutistes de Tsahal trouvent un petit passage qui mène du Mont du Temple au Mur des Lamentations et la ferveur religieuse devant le Mur va submerger même les soldats les plus laïques. Hussein de Jordanie perd la rive occidentale du Jourdain, Jérusalem et le plus grand lieu saint de pèlerinage des Musulmans, la Mosquée Al Aqsa. La défaite est amère, d’autant plus que traditionnellement la protection des lieux saints musulmans revient aux Hachémites et c’est un Hachémite qui la perd. Avant d’entamer la dernière partie de cette chronique consacrée à la Guerre des Six Jours, je vous propose une autre victoire, musicale cette fois, avec Neta Barzilai, gagnante l’Eurovision 2018.
- Musique 3 : https://www.youtube.com/watch?v=CziHrYYSyPc Commencer à 24 sec jusqu’à 2 min 02
- Le 7 juin 1967, au 3eme jour de la Guerre des 6 jours, Israël est victorieux et jouit du soutien international. Le prochain objectif de Tsahal, c’est la Cisjordanie. L’armée veut parvenir à contrôler les axes stratégiques de communication entre Tel Aviv et Jérusalem. Tsahal rencontre peu de résistance. Tsahal avance mais sans plan détaillé, elle profite plutôt des opportunités. Le gouvernement israélien donne peu d’instructions au fur et à mesure des étapes de conquêtes, et l’état-major n’en donne pas beaucoup plus, donc les officiers avancent . En l’espace de 9 heures seulement, l’armée israélienne se trouve en plein cœur de la Cisjordanie, à Ramallah, sur la rive Ouest du Jourdain. Mais la Cisjordanie, à la différence du Sinaï, est fortement peuplée. Parallèlement, dans le Sinaï, une fois la première ligne de défense égyptienne enfoncée, les soldats se replient mais dans un grand désordre parce que les officiers arabes n’ont pas organisé le retrait. Les Israéliens ont intercepté l’ordre de retrait et ils décident, plutôt que d’attaquer les armées en repli, de les attendre là où ils se replient et de les encercler. Des dizaines de milliers de soldats égyptiens sont faits prisonniers. Les Israéliens sont débordés par tant de prisonniers, aussi ils décident de ne garder que les officiers et de renvoyer les simples soldats en Egypte. Le retour de ces soldats vaincus au pays fait éclater la vérité en Egypte parce que le peuple croit toujours à la victoire. Nasser et Sadate ne feront aucune déclaration. Le 8 juin, les troupes israéliennes atteignent le canal de Suez en 4 points différents, le détroit de Titan est rouvert et Israël a conquis la totalité du Sinaï. Nasser a dû accepter le cessez-le-feu de l’ONU. Au Caire, le voilà qui doit s’expliquer publiquement. Il offre au peuple sa démission mais le peuple le supplie de rester. Nasser se reprochera amèrement d’avoir sous estimé la capacité de réaction des Israéliens, il dira que si il avait pu prévoir l’ampleur de la défaite, il aurait utilisé ses talents de joueur de poker pour parvenir à ses fins par voie diplomatique. Il mourra, physiquement épuisé, 3 ans plus tard. Le Général Moshe Dayan contrôle à présent le Sinaï, l’essentiel de la rive Ouest du Jourdain et la bande de Gaza . Reste encore le front syrien qui s’embrase le 9 juin. La Syrie est liée à l’Egypte par un pacte d’assistance militaire. Dayan avait d’abord choisi de ne pas riposter aux bombardements syriens sur le Nord du pays. Il craignait une intervention de l’URSS aux côtés de la Syrie. Israël intercepte un message de Nasser qui enjoint la Syrie d’accepter une cessez-le –feu pour ne pas perdre son armée. Qu’en conclut Dayan ? Il en conclut que les soviétiques n’ont pas l’intention d’intervenir. Il sait qu’il a très peu de temps pour monter à l’assaut des hauteurs du Golan, hauteurs à partir desquelles les Syriens tirent régulièrement sur les populations israéliennes en contrebas . Les Russes ne bougent pas mais avertissent les Etats-Unis qu’ils interviendront si le conflit ne s’arrête pas. La flotte soviétique masse des milliers de marins à l’entrée des eaux internationales d’Israël et se prépare à une attaque du port de Haïfa. Les Américains envisagent de prêter main forte aux Israéliens en cas d’attaque soviétique. Le jeu est dangereux, très dangereux. Et les Israéliens tirent profit de ce ballet diplomatique pour faire avancer l’armée au plus vite. L’aviation bombarde avec succès les positions syriennes. Sur ce front aussi, Tsahal utilise de précieuses informations de ses services secrets. Les Israéliens attaquent là où on ne les attend pas, sur la pente la plus abrupte, avec 3 bu du Golan, tous les tanks de Tsahal sont touchés et beaucoup d’hommes blessés, mais en fin de journée la route de Kuneitra est ouverte et Tsahal n’est plus qu’à 70 km de Damas . Plus au Nord les Golanis, une des meilleures unités de Tsahal, combattent furieusement ; ces combats seront les plus durs et les pertes importantes. Le 10 juin 1967, à 18 heures, Israël cède à la pression internationale et accepte un cessez-le feu avec la Syrie. La guerre est finie : Israël proclame Jérusalem comme sa capitale, contrôle la bande de Gaza, la Cisjordanie, le Sinaï et le plateau du Golan et laisse un Moyen Orient remodelé dans lequel va éclore la conscience nationale des Palestiniens et la revendication de leur propre Etat. En septembre 1967, Les pays arabes adoptent la résolution de Khartoum. Elle pose ce qui est connu comme les « trois non » des relations israélo-arabes de l'époque : 1. pas de paix avec Israël - 2. pas de reconnaissance d'Israël, - 3. pas de négociation avec Israël. Tandis que deux mois plus tard, la résolution 242 du Conseil de sécurité des Nations unies du 22 novembre 1967 exigeait « l'instauration d'une paix juste et durable au Proche-Orient » . Elle se fait hélas bien attendre cette paix juste et durable. Chers auditeurs, je vous retrouve mercredi prochain pour une nouvelle chronique D’Ici et D’ailleurs, de 14H à 14h 30 Le chronique d’aujourd’ hui sera rediffusée jeudi matin de 9h à 9h30 .
- Musique 5 : https://www.youtube.com/watch?v=bITde_T39So Commencer à 1min 48