ET SI PAS MAINTENANT, QUAND ? Ep26
- intro
- Sommaire : - Delphine Horvilleur, pour nous parler de la conférence qu'elle donnera au CCLJ le 3 mars - Iannis Roder , à propos de son livre "sortir de l'ère victimaire" - Frédérique Schillo pour l'actualité israélienne - Le billet d'humeur de Nicolas Zomerstajn - Olivier Joyard, le critique séries des "Inrocks" pour son documentaire "Israël, terre de séries" sur BeTV - L'agenda du CCLJ
- DELPHINE HORVILLEUR
- Le mardi 3 mars à 20h, le CCLJ aura le plaisir d'accueillir le Rabbin Delphine Horvilleur pour une conférence intitulée " 'Salomon vous êtes juif?' L'identité est-elle une blague?. Pour en parler, nous sommes ravis d'avoir Delphine Horvilleur au téléphone, bonsoir Delphine. Pour ceux qui ne vous connaitraient pas encore, vous êtes rabbin, vous officiez à Paris, au Mouvement Juif Libéral de France, vous avez étudié la médecine en Israël, vous avez été journaliste et vous êtes l'auteur de En tenue d'Eve : féminin, pudeur et judaïsme (Grasset, 2013), de Comment les rabbins font les enfants ; Sexe, transmission et identité dans le Judaïsme (Grasset, octobre 2015) et, avec l'islamologue Rachid Benzine, de Des mille et une façons d'être juif ou musulman. Dialogue. (Éditions du Seuil, octobre 2017) Le thème de votre conférence de la semaine prochaine, touche finalement à l'actualité belge, est-ce que pour vous, les caricatures des Juifs montrées pendant le carnaval d'Alost dimanche sont-elles une mauvaise blague ou est-on plutôt dans le thème de votre dernier ouvrage, paru l'année dernière : Réflexions sur la question antisémite?
- Vous allez parler d'identité, dont vous dites , est devenu un gros mot. Si on prend pour exemple les Etats-Unis, dès que vous croisez qqn, rien de plus naturel de vous faire interroger sur vos orgines, pourquoi est-ce un problème en France?
- On l'a dit en introduction, vous avez déjà fait énormément de choses différentes dans votre vie, vous avez été nommée Manager de l'année, journaliste, auteur, rabbin. Finalement, est-ce qu'on peut dire que dans toutes ces activités, le point commun, c'est le storytelling?
- Au CCLJ, notre philosophie c'est le judaïsme laïque, certains vous ont vous-même défini comme rabbin laïque, est-ce que cela vous convient?
- On rappelle que votre conférence aura lieu mardi 3 mars à 20h à ULB - Amphithéâtre Lafontaine et que les réservations se font par téléphone 02/543.01.01 ou e-mail info@cclj.be Merci beaucoup, Delphine Horvilleur
- musique
- https://youtu.be/pK98-BeYyJ4
- ITW IANNIS RODER
- Iannis Roder est professeur d'histoire-géo en collège, en banlieue parisienne, dans ce cadre, il enseigne l'histoire de la seconde guerre mondiale et de la Shoah depuis 20 ans. Mais , d'année en année, ils doit se rendre à l'évidence : cela devient de plus en plus difficile et problématique. Il vient de publier un livre aux éditions Odile Jacob "Sortir de l'ère victimaire, pour une nouvelle approche de la Shoah et des crimes de masses" Bonsoir Iannis Roder. Dans votre introduction, vous donnez qques exemples des remarques de vos élèves : on en a assez de la souffrance des Juifs, Hitler n'a pas fini le boulot, d'autres peuples ont souffert.. etc Certains pourraient baisser les bras et passer à autre chose, vous, non...
- Votre réflexion, et là on va vers l'essence de votre livre, c'est qu'il faut mettre de côté l'émotionnel, quand on parle de la Shoah. Vous dites, que malgré l'ajout de la Shoah au programme des secondaires en 1989 comme "pédagogie de la vigilance", on a pas pu contrer le renouveau antisémite.
- Et donc, votre approche porte sur ce qu'on doit savoir du bourreau pour comprendre ce qui est arrivé aux victimes
- Vous faites référence à expérience de Milgram ou au film allemand Die Welle, la vague
- Vous dites aussi, que les mots sont trompeurs, par exemple sur le terme de camp de concentration.
- Un ouvrage passionnant, je rappelle le titre : "Sortir de l'ère victimaire" ,publié aux éditions Odile Jacob Une dernière question d'actualité : vous avez vraisemblablement vu les images du carnaval d'Alost, quel est votre ressenti?
- Merci Iannis Roder
- musique
- https://youtu.be/ZRnzTTYk7_Q
- ITW FREDERIQUE SCHILLO
- Petit vent de panique en Israël autour du coronavirus. Alors que l'Iran est touché par le virus et que l'épidémie se répand dans la région, Israël a annoncé deux cas de coronavirus. Comment la crise sanitaire est-elle gérée ? [je parlerai des mises en quarantaine après le passage d'un groupe de Coréens du Sud infectés par le virus, et des mesures drastiques contre les touristes venant d'Asie, d'Australie et d'Italie] ;
- Un jour sans fin à Gaza. La bande de Gaza s'est à nouveau enflammée cette semaine, le sud d'Israël s'est retrouvé sous les roquettes du Djihad islamique. Est-ce qu'il faut expliquer ce regain de violence par l'approche des élections en Israël ? [j'évoquerai la politique de Bennett pour conserver le corps des terroristes palestiniens, la crise avec le Djihad islamique et le scoop du Haaretz concernant le voyage du chef du Mossad au Qatar afin que les Qataris payent le Hamas] ;
- Enfin, J-4 avant les élections. Pour la première fois, les sondages donnent le Likud devant la liste Bleu-Blanc. Netanyahu pourrait donc former un gouvernement et être le prochain Premier ministre d'Israël ?! [je parlerai de la dynamique en faveur du Likud, des promesses de campagne de Bibi notamment sur la zone E1, des attaques contre Gantz et de l'ouverture d'une enquête sur son ancienne société].
- Merci Frédérique
- Musique
- https://youtu.be/LA7T0GSjzg0
- ITW NICOLAS ZOMERSTAJN
- Cela fait qques semaines qu'on ne l'avait plus entendu , Nicolas Zomerstajn, le rédacteur en chef de Regards, pour son billet d'humeur, bonsoir Nicolas [en intro : https://youtu.be/AdHjKRZgA9k ] musique carnaval de rio
- Cette année, au-delà du strass et des paillettes, les écoles de samba n'ont pas lésiné sur les messages politiques lors de l’édition 2020 du carnaval de Rio. Avec notamment des critiques plus ou moins voilées envers le président d'extrême droite, Jaïr Bolsonaro, les carnavaliers ont dénoncé les violences policières, discriminations raciales ou sexuelles, corruption, catastrophes environnementales Dans la nuit de lundi à mardi, les quelque 3.000 danseurs et les chars monumentaux de l'école de Sao Clemente ont ouvert le feu avec une parade qui a dénoncé le flot de faked news ayant émaillé l'élection du président fin 2018 et les affaires de corruption dans son parti ainsi que les soupçons pesant sur l'un de ses fils. Juché sur un char, un humoriste déguisé en Bolsonaro, imitait le geste de la main caractéristique du chef de l'État mimant une arme, devant des pancartes où figuraient les tics de langage présidentiels. Lutte pour la diversité et les droits des opprimés, Noirs, indiens, femmes ou communauté LGBT, les dernières écoles de samba ont enfoncé le clou dans la nuit de lundi à mardi, dans un pays qui a porté à sa tête un président ouvertement misogyne et homophobe, accusé de racisme et climato-sceptique champion de déforestation du poumon de la planète : la forêt amazonienne Un danseur de l’école de Samba Sao Clemente a bien résumé l’état d’esprit de ce carnaval : « Une fois dans l'année, le carnaval, c'est l'allégresse pour tous, les gens souffrent tant et travaillent tant. En même temps, c'est le moment pour nous de passer les messages pour une prise de conscience de tous, pour un Brésil meilleur ».
- Un peu comme le carnaval d’Alost ?
- Tout à fait. Comme à Alost où les plus belles danseuses flamandes rivalisent de charme et de sex appeal en défilant pour dénoncer les puissants qui portent atteinte aux libertés fondamentales en arrosant l’Unesco de millions d’Euros pour discréditer une si belle et si salutaire tradition démocratique. Non, je déconne. Le carnaval d’Alost. C’est le contraire de celui de Rio. Pour rester dans ce carnaval brésilien, le carnaval d’Alost ce serait celui où défilent tous des Jaïr Bolsonaro sur des chars qui, loin d’être conçus pour provoquer le rire, sont là pour déclencher la haine et la détestation des Juifs. Et cette année, c’était la figure diabolisée à outrance du Juif comploteur et cupide qui a joué un rôle de premier plan, jusqu'à incarner le Mal absolu.
- Mais curieusement, les carnavaliers alostois se défendent de tout antisémitisme. Ils disent rire de tout et de tout le monde.
- Ils rient gentiment et de manière potache des politiques et de certains bekende vlamingen. Mais quand il s’agit des Juifs, c’est autre chose. Il s’agit tout autant de dénoncer le rôle néfaste des Juifs sur la société pour justifier leur rejet que de cultiver une espèce de sentiment de supériorité du public en le poussant à rire de Juifs fantasmés. Car il s’agit bien des Juifs fantasmés, de monstres et même des monstres assimilés à des animaux. L’humour est un prétexte pour laisser libre cours à l’antisémitisme. Il s’agit de présenter les Juifs comme des gens qui exagèrent sans cesse. Ce qui leur est arrivé pendant la Seconde Guerre mondiale n’est « pas si grave » en réalité. On peut en rire, on doit même en rire. Cela paraît tellement tordu cette exigence de rire des Juifs et de leurs malheurs.
- On voit qu’ils ne connaissent pas l’humour juif.
- Evidemment. S’il est un domaine où les Juifs ont toujours excellé, c’est bien dans l’humour et se caractéristique principale : l’autodérision. Les Juifs sacralisent leur malheur et ne sont pas drôles, peut-on entendre. Cette affirmation fausse a toujours été démentie par l’existence d’une tradition humoristique juive particulièrement corrosive à l’égard des tragédies et des malheurs que subissent les Juifs. Et la Shoah n’a évidemment pas été épargnée par ces artistes. De Lubitsch à Woody Allen, en passant par Billy Wilder et Mel Brooks, en passant par Mel Brooks, de nombreux artistes Juifs ont tourné en dérision les persécutions antisémites dont les Juifs ont été les victimes. Ainsi en 1941, Ernst Lubitsch a traité avec humour un sujet aussi grave que le nazisme et la persécution des Juifs dans To be or not be. Et Mel Brooks a même eu un Oscar pour The Producers, ce film dans lequel un producteur juif véreux et son comptable également juif montent le plus mauvais spectacle possible afin de garder l’argent qu’ils soutirent à des vieilles Juives auxquelles ils promettent des gains énormes. Le spectacle en question est une comédie musicale écrite par un nostalgique du nazisme dans laquelle Hitler est joué par un hippie homosexuel tandis que danse un ballet de femmes SS.
- Nous ne dénions pas aux Alostois le droit de se moquer de tout.
- Ils peuvent le faire mais qu’ils fassent comme leurs homologues brésiliens : en s’attaquant aux puissants et aux tyrans, sans racisme ni antisémitisme. Rire des Juifs est commode puisqu’en dépit de leur faiblesse intrinsèque, on les présentera toujours sous des habits d’hyperpuissance tout en sachant qu’on ne court pas le moindre danger à s’en moquer. Pas de risque, en effet, de fatwas ou d’attentat. Comme a un jour écrit mon ami Joël Kotek, spécialiste de la caricature antisémite, « A-t-on jamais vu un bouc émissaire menacer le moindre loup ? Les puissants de ce monde ne sont décidément plus ce qu’ils n’ont… jamais été ».
- Merci Nicolas
- Musique
- https://youtu.be/ZkYg4bz2qGQ
- ITW OLIVIER JOYARD
- On a parlé des séries israéliennes, il y a qques semaines, mais le sujet est si vaste et si riche, qu'on voulait l'approfondir, et pour le faire, nous sommes au téléphone avec Olivier Joyard, bonsoir Olivier. On vous connait comme le spécialiste des séries pour hebdomadair Les Inrocks, mais vous êtes également l'auteur de plusieurs documentaires en rapport avec le monde des séries et actuellement, Betv diffuse votre dernière réalisation : Israël, terre de séries. En intro à votre documentaire, on peut voir Hagai Levi, créateur de Betipul et Our Boys dire : "ce que nous a apporté le succès international des séries israéliennes est le droit de rêver" que veut-il dire par là? [universalité des sujets] réappropriation
- Quand on parle de séries dont on connait que la version américaine, comme Euphoria ou In Treatment, par exemple , que dit le critique de séries que vous êtes en comparant les deux versions?
- Non seulement le monde découvre les réalités d'Israël et sa complexité, mais les israéliens eux-mêmes en découvrent certains aspects : la vie quotidienne des orthodoxes dans Shtisel ou la brigade juive du shin beth dans Our Boys... Hagai Levi, lui-même, explique que l'idée de Betipul lui est venue par son expérience , ayant suivi une longue thérapie, mais il l'a décrit aussi par une métaphore sur le fait d'envahir un espace personnel... [shtisel, les orthodoxes ne peuvent pas voir la télé, mais bcp ont vu la série...]
- On voit aussi dans votre film, qu'une des réalités israéliennes , c'est l'obsession des actualités, qui reflète le sentiment d'urgence dans lequel vivent les israélien, et que les scénaristes essayent de refléter dans leurs créations [effet contraire ; Hollywood ne demande aux scénaristes israéliens que des histoires de terrorisme et de guerre]
- Il y a des séries dont vous parlez que nous n'avons pas encore eu l'occasion de voir, en tout cas légalement en Belgique , mais qui donnent très envie : On the spectrum, Your Honor et surtout "Dumb", de Bat Hen Sabag, un "breaking bad" version sale gosse... De plus, on a annoncé la série « Valley of Tears » de Ron Leshem qui sera la plus chère production israélienne de l’histoire et qui sera présentée au festival sériesmania de Lille. Que peut-on dire de cette série?
- conclusion
- Agenda Mardi 3 Mars à 20:00 - Delphine Horvilleur - ULB - Amphithéâtre Lafontaine (Bâtiment K Campus du Solbosch) Vendredi 6 mars : à 20 h On nous le réclame depuis longtemps, le voici enfin ! Le CCLJ vous propose désormais un dîner de Shabbat mensuel. Réservation obligatoire: mdj@cclj.be ou 02/543.02.85 Et le même vendredi, juste avant , c'est la fête de Pourim au CCLJ à partir de 18h, avec les enfants de la JJL et de Shalom Aleichem, qui nous monteront leurs plus beaux déguisements... (en habitants d'Alost?) Lundi 9 Mars à 20:00 : RÉFLEXION ET DÉBAT AUTOUR D'UN LIVRE ET DE SON AUTEURE : MONIQUE ZETLAOUI: LE DIABLE AU PORC Le Diable au porc est un ouvrage érudit qui fait le point sur la charge symbolique qui entoure la consommation de la chair du cochon, cet animal hors norme qui concentre tabous, interdits et revendications alimentaires. Débat animé par Jean-Jacques Deleeuw , directeur de l'information de BX1 Réservations : 02/543.01.01 ou e-mail info@cclj.be
- GENERIQUE DE FIN