4ÈME DE COUVERTURE EP21/AMELIE D'OULTREMONT. "LES AMNÉSIQUES" DE GERALDINE SCHWARZ
- INTRO
- Bonjour. C'est Natalie. Vous écoutez "4ème de couverture" sur Judaïca, comme tous les mardis à onze heures. Nous découvrons un livre en compagnie d'une invité: Amélie d'Oultremont. Amélie d'Outremont est mère de 3 enfants et fille de diplomate, ce qui vous a amené à voyager beaucoup, en Arentine, en Angleterre, aux Etats-Unis et au Maroc. Journaliste, féministe, vous participez la la création et la vie d'un magazine mensuel féministe "Voyelles" vous faites de la communication, vous avez crée et dirigé la Fondation Fortis pendant plus de dix ans, vous écrivez "Le guide pratique du mécénat d'entreprise", vous créez le club des entreprises mécènes de Belgique, vous êtes présidente de "Homes Sweet Mômes" , vous avez été décoré officier de l'ordre de Leopold en 2007 et depuis 2011 vous organisez des conférences de philosophie : les matins de la philo. Le programme de la rentrée? vous avez choisi "Les amnésiques" de Géraldine Schwarz (2017) prix du livre européen 2018
- RÉSUMÉ DU LIVRE
- « Les amnésiques » est un récit écrit par une journaliste dont le père est allemand et la mère française, qui va et vient entre la petite histoire de sa famille et la grande histoire. En s’intéressant aux affaires de son grand-père, l’auteur retrouve un classeur qui contient un contrat d’achat de l’entreprise de Karl Schwarz à son propriétaire juif, Julius Löbmann, en 1938. Son grand-père a l’impression d’avoir fait les choses très correctement par rapport à l’entrepreneur juif, sans se rendre compte qu’il a profité de de la descente aux enfers des Juifs allemands pour racheter l'affaire à son avantage. Lorsque le petit fils Löbmann veut obtenir réparation, Karl Schwarz ne comprend pas ses revendications. Il banalise, il dénie totalement ce qui est arrivé à l’entrepreneur juif en se posant lui-même comme victime de la guerre. Son grand-père était inscrit au parti national-socialiste mais comme beaucoup d’Allemands qui souhaitaient «simplement » être dans les rangs pour continuer à faire prospérer leur commerce, il n’a jamais été un nazi actif, il était ce qu’on appelle un « Mitläufer », c’est-à-dire quelqu’un qui suit le courant, un suiveur. L’hypothèse, fil rouge du livre de Géraldine Schwarz, est que, « sans la participation des Mitläufer, Hitler n’aurait pas été en mesure de commettre des crimes d’une telle ampleur ». « Marcher avec le courant » était devenu une banalité. C'est le point de départ d'une enquête passionnante au fil de trois générations sur les traces du travail de mémoire qui permit aux Allemands de passer d'une dictature à une démocratie. La rencontre de son père avec sa mère, fille d'un gendarme sous Vichy, est l'occasion pour l'auteur d'aborder les failles mémorielles en France où la glorification de la résistance a occulté les horreurs de la France de Vichy et sa participation active aux rafles des Juifs et aux envois vers les camps d’extermination. , l’Allemagne, ainsi que d'autres pays d’Europe, se sont installés dans une forme d’amnésie, pour « réunifier» leurs états. La journaliste constate la recrudescence du nationalisme dans de nombreux pays d’Europe, principalement des pays qui n’ont pas fait le travail de mémoire que l’Allemagne de l’Ouest a fait de manière approfondie après la fin de la deuxième guerre. Elle pense qu’il y a un lien étroit entre cette espèce d’amnésie de l’horreur et la montée des radicalismes actuels en Europe. Elle montre que le travail de mémoire est lié à la construction et au maintien de la démocratie.
- MUSIQUE
- DIALOGUE SUR LE LIVRE
- - Déni : l’auteure détaille les échanges qui ont suivi la guerre entre son grand-père et Julius Löbmann, immigré aux Etats-Unis et seul rescapé de sa famille exterminée dans les camps, quand celui-ci a voulu obtenir réparation de la vente de son entreprise aux conditions de 1938. Karl Schwarz ne comprend pas les revendications de l’ancien propriétaire de son entreprise, alors qu’il a le sentiment d’avoir toujours été correct avec celui-ci. P 99 - Travail de mémoire : La journaliste développe aussi l’hypothèse que les pays de l’Europe de l’est, dont l’ex-RDA, sont passés du joug du totalitarisme nazi à celui du totalitarisme communiste et que cela les aurait empêchés de faire leur travail de mémoire après la guerre. Travail de mémoire indispensable, à ses yeux, pour construire un état démocratique. Elle pense que c’est parce que ce travail n’a pas ou a encore trop peu été fait qu’aujourd’hui, le nationalisme et le racisme sont aussi florissants dans ces pays-là. - Ses interrogations de fond sur la responsabilité de l’être humain et le mystère du mal. Elle cherche des explications sur le succès du nazisme p. 129 - Question : qu’aurions-nous fait? La question que les jeunes gens ont posé à leurs parents? P.181 Ils ne pouvaient pas ne pas savoir. P. 202 244 275 - Géraldine Schwarz alarme sur les dangers du conformisme, de l’aveuglement et de l’opportunisme. « L’histoire ne se répète pas, mais les mécanismes socio-psychologiques restent les mêmes, qui dan s’un contexte de crise nous poussent à devenir les complices irrationnels de doctrines criminelles. »
- QUESTIONS
- Le dernier livre que vous avez aimé?
- Pierre Lemaitre
- Le livre sur votre table de chevet
- Odile d'Oultremont "BaÏkonour"
- Le livre qui vous a donné envie de lire?
- Le club des 5, Enyd Blyton
- Le livre qui vous est tombé des mains?
- Ulysse James Joyce
- Le livre connu qui vous a déçu
- Proust
- Votre idéal de lecture: où? Quand? Quoi?
- Votre prochain livre?
- BHL "Ce virus qui rend fou"
- MUSIQUE
- EXTRAIT
- Intro
- CONCLUSION
- Il est temps de conclure, voulez-vous ajouter quelque chose? Je vous remercie Amélie d'Outremont d’avoir présenté "Les amnésiques" de Géraldine Schwarz. Vous pouvez réécouter « 4ème de couverture » dimanche à 14h, sur podcast ou sur « Radio Judaïca.be » Je vous retrouve mardi prochain à 11h avec un nouveau livre et un nouvel invité.